J'ai bien envie de vous occire, dangereux individu !
Subjectivement mon aventure de Spirou et Fantasio préféré. Certainement parce que cet album était l'un des rares à trainer de la série dans la bibliothèque familiale entre deux Gaston Lagaffe et que j'ai bien du le lire une centaine de fois, sans aucune exagération aucune.
Mais au delà de la nostalgie qui m'anime, "Le Dictateur et le champignon" est un album intrinsèquement bourré de qualité. L'univers déployé par Franquin est à présent stabilisé. Le comte de champignac ainsi que le village éponyme, la fantastique marsupilami, l'agacante Seccotine, le caractère d'un Fantasio bien trempé et colérique, qui ne fait pas cependant pas de Spirou un gendre parfait mollasson... Et un méchant déjà présenté dans "Spirou et le héritiers" abandonné dans la jungle palombienne en semi-rédemption. Bref, un album qui se positionne comme l'aboutissement de l'idylle Franquin / Spirou à mon sens (Gaston n'a pas encore totalement conquis le cœur de son créateur...)
Album au long cours en plusieurs actes, "Le Dictateur et le champignon" est au départ un festival de gags autour du marsupilami, ingérable pour nos deux compères qui tentent vaille que vaille de le ramener dans son pays natal. Puis le cœur de l'histoire s'ouvre avec leur arrivée en Palombie, alors soumise à une terrible dictature qui emprunte le sentier de la guerre... Sans jamais se départir d'un humour bon enfant, Franquin ne se prive néanmoins pas de dénoncer les travers nombreux de ce type de régimes qui pullulaient à l'époque. Le final, dans le registre de l'aventure pure et dure sur fond d'infiltration, d'espionnage et de course contre la montre, est un vrai régal. Merci Rosy pour cet excellent scénario.
Graphiquement, Franquin atteint également une forme de perfection dans la simplicité de son trait, dynamique, lisible. Il ne cessera par la suite d'enrichir son approche dans une déluge de fioritures, détestées ou adorées, les deux camps s'affrontent sans bruit.
Un album quasi légendaire dans mon panthéon personnel, que je vous recommande chaudement jusqu'à la brûlure.