Love and Rockets : Locas, volume 1 par dailypolymathie

Locas (« folles » en espagnol) raconte les (més)aventures d’une bande de copines, dans une banlieue de Los Angeles, dans les années 80. Les deux personnages principaux sont Hopey et Maggie. Hopey est une guitariste punk impertinente, jamais la langue dans sa poche et toujours une bonne répartie de derrière les fagots, amoureuse un peu résignée de Maggie, une « mécano pro-solaire » un peu boulotte, fausse ingénue et qui a toujours le chic pour avoir un faible pour des garçons machos et pas très fiables. Autour d’elles gravitent d’autres personnages hauts en couleur : Penny Century, une plantureuse insouciante mariée à un milliardaire, Vicki et Rena, deux catcheuses ennemies, Izzy, une dépressive affublée du titre de sorcière… Et beaucoup d’autres encore, dont la vie quotidienne, les amours et les rivalités sont racontées dans les épisodes de cette anthologie, entrecoupés de mésaventures totalement rocambolesques (par exemple, des épisodes de super-héros ou de survie suite à une explosion d’usine dans une île paumée, comme autant de clins d’oeil aux aventures fantastiques associées aux comics américains).

Tout Locas est une claque. Tout d’abord les dialogues, à la fois brut, vrais et très drôles, et totalement débridés. Et puis les personnages, terriblement attachants et d’une réelle originalité. Loin de cantonner Hopey dans une sorte de caricature de la lesbienne punk en crise de rébellion ou Maggie à la nunuche mignonne, les 350 pages du tome laissent aux personnages le temps de dévoiler toutes leurs nuances et leur complexité de filles à la fois viriles et féminines, assumées et fragiles. Il y a dans la construction de leur personnalité un mélange de franchise et d’humour, qui les rend à la fois terriblement vrais et en même temps assez loufoques pour rentrer dans un comic. Particulièrement remarquable est la narration de la relation amoureuse entre les deux filles, oscillant entre amitié indestructible, chamailleries d’adolescentes et passion inavouable, qui ne les enferme jamais dans une boîte, mais au contraire révèle la multiplicité des formes que peuvent revêtir les sentiments. Locas est aussi un regard sur la vie d’une banlieue pauvre latino aux Etats-Unis dans les années 80, la guerre des gangs, la galère, mais aussi la vie de communauté. Enfin, le dessin en noir et blanc est clair et précis, un vrai plaisir pour les yeux.

Locas est considéré comme un roman graphique majeur dans l’histoire de la BD américaine et ce n’est pas si étonnant que ça : ce mélange de naturalisme et de parodie de comic de super-héros, oscillant entre humour ravageur et subtile description des sentiments, a décidément tout pour plaire.
dailypolymathie
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le 2 janv. 2013

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