"Machine qui rêve" est le 46ème tome des aventures de Spirou et Fantasio, et le dernier par la paire Tome et Janry. Paru fin 1998, cet album est totalement différent des 45 tomes précédents, il marque vraiment un tournant dans l'histoire du fameux groom de Dupuis.
Tout ici est différent de ce que le lecteur avait l'habitude de voir chez Spirou, le style graphique est beaucoup plus réaliste qu'auparavant, et beaucoup moins fantaisiste. Spip se comporte comme un écureuil normal, fini les monologues intérieurs, les tentatives de fugue chez les schtroumpfs, bref... Le ton général de l'album est beaucoup plus adulte. Les marges et les zones entre les cases sont noires, à l'exception de la dernière page, ce qui renforce la noirceur du récit lui-même. Les codes habituels de la série sont complètements rompus.
Spirou doit ici enquêter sur des expériences de laboratoire étranges, il se retrouve par la suite poursuivit par toutes les forces de police du pays, tel un fugitif, et ce jusqu'à la révélation finale, à la fin de l'album. Toute l'intrigue est ici recentrée sur Spirou, Fantasio n'a pas un rôle très important, et cela renforce l'aspect "seul contre tous" du scénario.
Véritable succès critique, "Machine qui rêve" n'a pourtant reçu qu'un accueil très mitigé de la part du public, la rupture avec l'image dite "classique" de Spirou était peut être trop brutale pour beaucoup. par rapport à l'image que le personnage a véhiculé pendant des décennies.
Ce changement radical d'esprit ne fut pas pris en compte par les auteurs suivants, Morvan et Munuera, qui retournèrent à un graphisme plus "jeune" et coloré, plus en phase avec le public ciblé par Dupuis.
"Machine qui rêve" reste pour moi un des touts meilleurs tomes de Spirou et Fantasio, très osé pour l'époque. Il est agréable à lire, plein de suspense, les dessins sont réalistes, vivants et dynamiques, mais vraiment sombres. Une très bonne surprise, à lire absolument!