Difficulté de l'édition en tome relié, le second tome de Wonder Woman de Rucka, sous l'ère Rebirth contient la première/seconde histoire de l'auteur, publié en même temps, à l'origine, que le récit Year One. Si l'absence de juxtaposition était un problème mineur pour le premier tome, j'ai trouvé, ici que The Lies avait une difficulté d'accès bien plus forte pour la lecture.
Il faut savoir, en me lisant, que j'ai adoré suivre le récit lors de la parution VO. J'ai même préféré The Lies à Year One et ici c'est l'exacte inverse. En effet, d'une part on perd tout le jeu, très fin, entre ce que l'on apprend dans Year One la semaine 1 et qui sera repris dans The Lies la semaine 2, et d'autre part on perd au contraire l'attente, le plaisir d'avoir une réponse à The Lies dans Year One.
On perd surtout l'attente de manière générale. Le problème de The Lies c'est que c'est très court, c'est rapide et le tome se dévore tant on le passe vite. Il demande une lecture contemplative que le format originel (un mois pour avoir la « vraie » suite) rendait plus agréable.
Je trouve ici que dans cette édition la vitesse de lecture se fait davantage sentir et on a un rythme effréné moins plaisant.
L'autre problème est que traduire c'est déjà trahir. Et certainement le meilleur a été fait, mais le meilleur ce n'est pas l'originel et jamais le passage de VO à VF ne m'avait été si dur. Je trouve que le sous-texte (très engagé) de Rucka perd de sa subtilité mais aussi de sa présence. Regrettable comme point.
Car oui, Rucka signe une œuvre engagée, parlant ouvertement du virilisme et de la violence conjugale. Osant attaquer de plein fouets plusieurs mythes machistes, Rucka montre combien il est engagé en réfléchissant aussi sur le rapport entre vérité et mémoire pour des thématiques plus métaphysiques, moins engagées mais puissantes.
Son énorme message d'amour pour Wonder Woman se ressent tout le long du tome et on appréciera que plutôt que balayer d'un revers de la main le récit New52, Rucka décide de le considérer comme une semi-alternative. Certains détesteront ce fait, mais est-ce réellement moins respectueux qu'un reboot pur et dur ? J'y trouve une certaine élégance pour ma part.
En bref c'est un récit rapide, trop succin, mais qui montre un réel ton nouveau et des thématiques très différentes.
Bien sûr la perte de « magie » que j'ai subi est à relier à ma relecture même : relire ce n'est pas découvrir et ça se sent. Je ne sais pas cependant si je vendrais ce récit en relié et en VF comme j'ai pu le conseiller en single VO.