Critique écrite en janvier 2019


L'histoire d'un mage, c'est...
Bienvenue au collège Mahora !
Véritable Poudlard japonais et entièrement féminin, c'est ici que se déroule le coeur de l'intrigue de Negima! Le maître magicien, manga édité entre 2003 et 2012 par Ken Akamatsu (aussi connu pour Love Hina paru en 1998, un autre manga de type "harem").
En 38 tomes, Ken nous présente sa petite famille des 31 élèves constituant la classe de la 3A. C'est ici que Negi, jeune anglais de dix ans, surdoué et secrètement issu d'une famille dont les membres sont magiciens de père en fils, est convié à devenir professeur d'anglais. Ceci, dans l'objectif de valider ses sept ans d'étude de magie, but qu'il est bien-sûr contraint de garder sous silence, au risque de perdre ses fonctions et de devenir malgré lui un phénomène de société. Tout d'abord, le petit magicien à lunettes fait l'objet de la curiosité des jeunes filles de sa classe et sera soumis à l'autorité de sa colocataire Asuna, voyant d'un très mauvais oeil son parcours scolaire entre les mains d'un enfant !
Celui qui va rapidement être surnommé le "p'tit Negi" va faire la rencontre de personnages hauts en couleur tels que Chisame, une jeune fille au fort caractère, la discrète Nodoka, la terreur Evangeline (de sang britannique également), son curieux robot Chachamaru, Ayaka, Setsuna, le rebelle mi-chien mi-humain Kotaro, le bavard mais drôle Camo, le colosse Jack Rakan ou encore le diabolique Fate ! Tout ce petit monde va tantôt se présenter comme un obstacle, tantôt comme un biais pour Negi parti à la quête de lui-même, à la recherche de son père, la magicien de haute réputation qu'est Maître Thousand ; et ce, sans voir le Monde Magique auquel il est issu révélé publiquement.


Tel Negi, en pleine découverte de cette terre inconnue qu'est le Japon, nous, lecteurs, apprentis-Otakus ou pas, nous avons, dans un premier temps quelque peu du mal à nous adapter à ce qui semble être une histoire de magie pénible à suivre et à l'univers peu approfondi.
Mais détrompons-nous, rentrer dans un univers s'étendant sur plus d'une trentaine de tomes, c'est comme parvenir à rentrer dans une série télévisée s'étendant sur de nombreuses années de production. Dans le cas de Negima, il faut faire comme le p'tit Negi, garder patience à la lecture des trois premiers tomes avant que le destin des personnages s'annonce riche en aventures et surtout en humour très... couillu !
En dépit de la négligence laissé sur certains personnages (dieu qu'il sont nombreux, et qu'en est-il de la mère de Negi? des parents des 31 élèves? On n'obtient absolument aucune réponse, ce qui est regrettable), nombreux sont ceux qui font mouche. Chacun se fraie un parcours aboutissant à la progression du héros dans sa quête de vérité.
La particularité d'un personnage comme Negi, c'est que, lorsque soumis à de lourdes épreuves, il trouve toujours l'occasion de "progresser" sous plusieurs formes:


Effectivement, son élève Evangeline, vampire à forme adolescente mais en réalité millénaire, s'annonce dans les premiers tomes comme un important obstacle pour Negi, lui faisant vivre un véritable cauchemar ; par la suite, par son goût du risque parfois inconscient, il va se servir d'elle comme d'un biais pour apprendre les arts martiaux. Finalement, Evangeline deviendra celle qu'il surnomme "maître" et en dépit de sa forte autorité, elle se révélera beaucoup plus affective que le vampire de son essence.
Aussi, avec la sidekick d'Evangeline, le robot Chachamaru, un personnage d'abord complexe, se dévoilera être un personnage surprenant, en plus de livrer une jolie réflexion sur la mise en place progressive de la machine dans la société.
Qui aurait cru assister à la progression d'un vampire assoiffé de sang et de soumission et d'un androïde plus humain que nature, sous les yeux d'un petit magicien de 10 ans ? Chaque tome y répond petit à petit...


On aimerait tous connaître ce Negi dans la vie réelle! Un personnage utopique, et même, en dehors de son aspect mignon, il subit un très bon traîtement, puisque il est le professeur, mais grandit au même rythme que ses élèves. Une telle relation fictive témoigne qu'il est souvent aisé pour l'élève de dépasser le maître, et que celui-ci peut lui-même se retrouver éduqué à son tour !
Ses maladresses, suscitant la colère de certaines de ses élèves, n'annoncent pas la couleur des autres épreuves, variées, qu'il devra affronter. On y retrouve tout type d'escapades, entre découvertes des souterrains du collège, tournois d'arts martiaux (rappelant les interminables combats de Dragon Ball), et voyages dans de nouveaux environnements seront de sortie. D'ailleurs cette facette "aventure" sera très accentuée dès le début du second arc, débutant par la Fête de Mahora, l'occasion de mettre en valeur les personnages un peu oubliés dans la première partie.
Concernant les antagonistes, Negima y met beaucoup l'accent durant le troisième et dernier arc, durant lequel ils vont réellement se dévoiler, et l'histoire nous réserve des surprises. Bien-sûr, les retournements de situation sont parfois un peu prévisibles et il y a certaines baisses de rythme ressenties dans certains tomes, mais l'auteur Akamatsu parvient à créer un véritable lien avec ses lecteurs, petits et grands (puisque oui, la douche est parfois très "chaude" avec la présence de bulles très coquines et anatomiques!), à travers les allusions culturelles et à la vie ordinaire,...


(comme souvent, ce sont les personnages les plus discrets et les moins suspects qui s'avèrent être les suppôts de Satan.
Effectivement, c'est Fate, ennemi plutôt secondaire brièvement apparu dans le premier arc, qui va s'avérer être la principale source de problèmes de la classe 3A. n choix de qualité puisqu'une réapparition aussi mouvementée était inattendue, d'autant plus que ce mystérieux gamin aux cheveux blancs parvient à être charismatique!
On peut également parler des cas des discrètes Tchao et Zazie, qui surprendront lorsque leur véritable nature se révèle.
Aussi, Asuna, la fille la plus proche de Negi, fera non pas l'objet d'une trahison, mais d'une destinée qui en émouvra plus d'un d'entre nous.)


Action, humour cynique, émotions, magie et réalité ne font plus qu'un. Au fil des volumes, nous ressentons la même sensation que lorsqu'une fin d'année scolaire de rêve se conclut: on souhaite rester au coeur de ce collège atypique suite à la difficulté de s'y être intégré.
Finalement, c'est lorsque le dernier arc atteint son terme qu'on réalise le voyage incroyable vécu aux côtés des enseignants de Mahora et des 31 élèves de la 3A ! Une fin rappelant un thème au coeur des films de science-fiction tels que Interstellar et l'anime La Traversée du temps, celui du voyage dans le temps ; ici, c'est un biais pour présenter l'avenir de chaque personnage après leur scolarité.
Un final très émouvant puisque j'ai assisté à la dissolution d'une véritable famille que j'ai suivi pendant près d'un an ; l'effet doit même fonctionner davantage sur les personnes l'ayant suivi à l'époque de sa publication.
Sur l'ensemble du manga, le graphisme est très beau, l'esthétique des personnages suscite notre affection et concernant les décors, c'est un délice à observer.


Negima! Le maître magicien n'est sans doute pas la référence ultime du shonen, mais un véritable cadeau laissé par l'auteur de Love Hina, qui lui, a une notoriété d'acier. Cacher son plaisir devant un divertissement de cette qualité ne serait que gâchis, il se distingue par une importante mise en valeur des relations entre les personnages, chose souvent un peu sommaire dans d'autres oeuvres du même type.
Des questions resteront sans réponses, Akamatsu a décidé de ne pas rompre son lien avec ses lecteurs au dernier tome, le 38ème. C'est pourquoi il laisse certaines interrogations en suspend pour les retrouver par la suite dans UQ Holder, la suite et spin-off du manga qui me donnera l'occasion de retrouver tout ce petit monde sous un jour différent.

Angeldelinfierno
10

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Créée

le 18 déc. 2020

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