Déjà bien installé comme une rock-star de l'horreur en comics avec "Something is killing the children" et "The Department of Truth", James Tynion IV récidive aujourd'hui brillamment avec "The Nice House on the Lake", sa nouvelle création inspirée très directement du confinement de 2020 pour construire le cadre de son intrigue.
Une idée doublement maligne puisque elle décalque la convention horrifique du huis-clos tout en créant d'emblée une réelle intimité avec le lecteur. Avec l'expérience récente et commune d'un enfermement contraint, l'immersion et l'identification aux différents personnages est facilitée et les interactions sonnent très justes.
Mais Tynion IV n'a pas choisi cyniquement de rebondir sur l'histoire récente pour servir un énième slasher dans les bois, il l'utilise comme terreau d'un réel détournement. Le récit débute donc sur une base convenue que le premier chapitre va gentiment balayer par un twist surnaturel. Nos héros vont prolonger leur séjour et chaque personnage, qu'il subisse ou non ce statu quo, va faire avancer l'intrigue globale.
S'ensuivent révélations et mystères dans un mariage réussi entre l'ambiance de "Lost" (flash-backs inclus) et une horreur très Lovecraftienne. Chaque réponse apportée pose deux nouvelles questions, nos héros vrillent différemment face à l'inattendu et le body-horror n'est jamais très loin magnifiée par le trait de Martinez Bueno.
Ce premier tome (sur deux) déploie une narration habile et efficace qui dose subtilement notre frustration et nos attentes. L'aspect programmatique de chaque chapitre ritualise le récit comme une bonne série télé et les ajouts tiers (transcriptions, fil Twitter,...) offrent un vrai plus.
Portés par un excellent découpage, on tourne avidement les pages de ce puzzle ésotérique avec une seule envie, arriver vite au 31 mars pour connaitre le fin mot de l'histoire en VF.
Bref, à lire d'urgence !