Hergé continue la mue de ses personnages avec une aventure exotique au sein d'un monde qu'ils ne semblent plus pouvoir changer.
En effet, avec un Tournesol déterminé à faire arrêter l'alcool à un Haddock pantouflard, un Tintin plus indépendant et donc plus adulte, sorti de ses pantalons de golf et refusant même l'aventure un moment, sans parler d'Alcazar mené par le bout du nez par une moitié des plus acariâtres.
Hergé fustige les régimes qui se succèdent en Amérique du Sud et qui, quels que soient les dirigeants au pouvoir laissent la population dans la même misère. Tintin ayant lui laissé ses idéaux avec l'âge, son ambition n'est que de sauver ses amis même si son humanisme le pousse à demander une révolution qui ne ferait pas couler le sang.
Cet album est aussi beau picturalement qu'il est triste dans ce désenchantement patent vis à vis de son héros, qui a du mal à trouver la place qui était la sienne jadis.