On aurait pu craindre de 120 Battements par Minute qu’il tombe dans le pathos, qu’il soit simplement violent, simplement dur et triste. Mais ce film ne se résume pas à ça. La bande originale qui l'accompagne, aux sons électro des années 80, avec en apothéose le Smalltown Boy de Bronsky Beat, apporte une esthétique audio au film. Les images sont belles. On passe de scènes de manifestations, plan serrés sur les visages déterminés, aux scènes de boite de nuit, lieu de libération des corps et de l’esprit, pour finir sur des scènes de sexe, intimes et intimidantes, captées dans la pénombre de la nuit. La maladie est là, présente tout le long. Mais il n’y a pas que cet aspect qui est traité. Le réalisateur nous embarque au cœur des assemblées d’Act’Up, ces réunions où la langue de bois est bannie, où chacun s’exprime, où l’on passe des heures à choisir la typo et la couleur d’une affiche. Ces assemblées où chacun se côtoie : les mamans, les hémophiles, les séropositifs, les gays, les lesbiennes. Un mélange d’amour, de rage de vivre, d’envie de se faire entendre, de lutte positive et de durs retours à la réalité. Ce film est un hommage à cette génération LGBT des années 80 / 90, décimée par un virus ignoré et incompris, par une maladie dont on avait peur et dont on souhaitait taire le nom. Ce film est une façon de rendre hommage à Act’Up, à son combat, à ses militants qui ne sont plus là pour témoigner que leur lutte n’est pas violente, que grâce à eux aujourd’hui, les adolescents apprennent tôt qu’il faut se protéger. Ce film est beau, émouvant, drôle et sensible, les acteurs sont incroyables et éblouissants. En deux mots, ce film est une grande réussite.
[Critique complète sur le blog]