Sincèrement, cette note m'attriste un peu. J'ai d'ailleurs longtemps pensé lui accorder une étoile supplémentaire, avant que mes réserves ne soient finalement trop fortes. Elles se situent principalement dans la trop grande crudité de plusieurs scènes, sans que cela ne me paraisse justifié ou opportun, Robin Campillo les étirant parfois jusqu'au malaise me concernant. On pourra me dire ce qu'on veut, il y a d'autres moyens infiniment plus subtils et délicats pour décrire l'intimité de deux hommes qu'une interminable scène de jambes en l'air (leur discussion suffisait largement!) ou une masturbation improvisée : aucune suggestion, juste du sexe pour le sexe... Heureusement, « 120 battements par minute » ne s'arrête pas à ce simple constat car pour le reste, le film est vraiment réussi.
Sur un sujet que je connaissais mal, l'œuvre s'avère éclairante aussi bien dans les idéaux d'Act Up-Paris que ses différentes actions « coup de poing », ne cédant jamais à la démonstration ou au larmoyant. Au contraire (scènes sexuelles exceptées, donc!), il y a beaucoup de pudeur, de recul concernant le combat des uns et des autres, parfois dans une indifférence, voire un mépris en disant long sur le peu d'implication des pouvoirs publics de l'époque. Et beaucoup de moments marquants, principalement le « défilé nocturne » poignant et particulièrement éloquent sur les ravages du Sida, ou les différentes scènes d'assemblée, où l'on mesure l'immense difficulté à trouver un consensus tant les visions pour y parvenir sont parfois radicalement opposées, sans pour autant que l'on cherche à nous expliquer qui a raison ou tort, au contraire, chaque discours tenu pouvant se justifier, les relations entre les différents membres du mouvement comme avec les laboratoires pharmaceutiques étant décrites avec une grande précision.
Dommage que le dénouement, aussi sobre soit-il, perdure de façon injustifiée, cette volonté de « réalisme exacerbé dans l'intimité » faisant, décidément, vraiment du tort à l'œuvre... Bref, s'il est (beaucoup) plus réussi dans ses scènes de groupe qu'intimistes, et sans être l'événement absolu décrit au dernier Festival de Cannes, « 120 battements par minute » est de ces titres qui ne laissent en aucun cas indifférent, éclairant un sujet sensible et important : voilà qui est à saluer.