120 battements par minute revient sur la lutte menée par les militants d’Act Up Paris au début des années 1990. Nous suivons leur combat contre le sida et l’indifférence générale, et particulièrement celui de Sean, séropositif et militant actif, et de Nathan, nouveau à l’association.
La première force de 120 battements par minute, c’est sa mise en scène. Le film est tourné en grande partie en caméra à l’épaule, lui donnant un côté documentaire. Le travail d’immersion est réussi. On a l’impression d’y être, d’être présent lors des débats en amphi, de parader avec les personnages durant les différentes scènes de manifestations, etc.
Ce parti pris permet de provoquer l’émotion. On est dans le réel, dans le concret. On ressent la violence, la joie, la peine, la douleur. Nous sommes au plus près de l’action, impliqués et touchés par la détresse de ces militants contre un mal face auquel ils sont impuissants et pour qui il ne reste que la colère et/ou l’espoir. Cette dualité entre la colère et l’espoir est d’ailleurs un thème important du film, représenté par les différences d’état d’esprit des militants, mais également par l’alternance entre scènes « violentes » (au siège de Melton Pharm, lors de différentes manifs, etc.) et scènes festives (boîte de nuit, gay-pride).
Ce qui nous mène à Sean et Nathan, dont l’histoire d’amour, je trouve, permet de mettre en avant le combat du premier contre la maladie, et ainsi de faire le lien entre combat personnel et combat collectif. Ceci est particulièrement clair lors d’une séquence en amphi, lors d’une réunion hebdomadaire. A ce moment, la caméra se focalise sur Sean et le montage alterne plans de la réunion et plans sur les pensées de Sean, jusqu’à l’explosion finale qui poussera ce dernier à quitter l’amphi.
Malgré une petite incompréhension à la fin
(lorsque Nathan couche avec Thibault)
et quelques faiblesses dans l’écriture, je trouve le film très fort, et interprété par de très bons acteurs. Et même si j’ai une préférence pour la première partie du film, s’attardant davantage sur le combat militant, 120 battements par minute est pour moi une expérience de cinéma marquante, qui me reste en tête et dont le message est nécessaire tellement il est actuel.