120 battements par minute revient sur la lutte menée par les militants d’Act Up Paris au début des années 1990. Nous suivons leur combat contre le sida et l’indifférence générale, et particulièrement celui de Sean, séropositif et militant actif, et de Nathan, nouveau à l’association.


La première force de 120 battements par minute, c’est sa mise en scène. Le film est tourné en grande partie en caméra à l’épaule, lui donnant un côté documentaire. Le travail d’immersion est réussi. On a l’impression d’y être, d’être présent lors des débats en amphi, de parader avec les personnages durant les différentes scènes de manifestations, etc.


Ce parti pris permet de provoquer l’émotion. On est dans le réel, dans le concret. On ressent la violence, la joie, la peine, la douleur. Nous sommes au plus près de l’action, impliqués et touchés par la détresse de ces militants contre un mal face auquel ils sont impuissants et pour qui il ne reste que la colère et/ou l’espoir. Cette dualité entre la colère et l’espoir est d’ailleurs un thème important du film, représenté par les différences d’état d’esprit des militants, mais également par l’alternance entre scènes « violentes » (au siège de Melton Pharm, lors de différentes manifs, etc.) et scènes festives (boîte de nuit, gay-pride).


Ce qui nous mène à Sean et Nathan, dont l’histoire d’amour, je trouve, permet de mettre en avant le combat du premier contre la maladie, et ainsi de faire le lien entre combat personnel et combat collectif. Ceci est particulièrement clair lors d’une séquence en amphi, lors d’une réunion hebdomadaire. A ce moment, la caméra se focalise sur Sean et le montage alterne plans de la réunion et plans sur les pensées de Sean, jusqu’à l’explosion finale qui poussera ce dernier à quitter l’amphi.


Malgré une petite incompréhension à la fin


(lorsque Nathan couche avec Thibault)


et quelques faiblesses dans l’écriture, je trouve le film très fort, et interprété par de très bons acteurs. Et même si j’ai une préférence pour la première partie du film, s’attardant davantage sur le combat militant, 120 battements par minute est pour moi une expérience de cinéma marquante, qui me reste en tête et dont le message est nécessaire tellement il est actuel.

valp
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Explorations et tâtonnements cinématographiques - 2019

Créée

le 8 janv. 2019

Critique lue 261 fois

valp

Écrit par

Critique lue 261 fois

D'autres avis sur 120 battements par minute

120 battements par minute
Behind_the_Mask
2

Entends-tu mon pote cette envie de révolte ?

A l'origine, ce modeste billet devait vous causer de Nés en Chine. Devait... Car manque de bol, après une demi-heure de route, j'apprends que l'exploitant du cinéma n'a pas eu la copie du film Disney...

le 23 sept. 2017

68 j'aime

50

120 battements par minute
Fritz_Langueur
10

Sean, Nathan, Sophie et les autres...

Qu’il est difficile d’appréhender un avis sur une œuvre dont la fiction se mêle aux souvenirs de mon propre vécu, où une situation, quelques mots ou bien encore des personnages semblent tout droit...

le 24 août 2017

56 j'aime

10

120 battements par minute
SanFelice
8

"Moi, dans la vie, je suis juste séropo"

D'habitude, j'ai un certain esprit de contrariété. Dès qu'un film fait l'unanimité, je me méfie. D'un certain côté, je préfère de très loin un art qui tranche vivement, qui prend des risques, quitte...

le 21 déc. 2017

50 j'aime

Du même critique

La Fille au bracelet
valp
8

Critique de La Fille au bracelet par valp

La fille au bracelet m'a fait penser à La vérité de Clouzot, en cela que les deux films présentent le glissement du procès judiciaire vers le procès moral, notamment à travers le personnage dume...

Par

le 13 févr. 2020

4 j'aime

Captain Marvel
valp
1

Critique de Captain Marvel par valp

C’est sans grandes attentes mais avec un brin de curiosité que je suis allé voir Captain Marvel. Je ne connaissais pas le personnage et les bandes annonces ne me donnaient pas beaucoup envie, donc...

Par

le 12 mars 2019

4 j'aime

La La Land
valp
10

Critique de La La Land par valp

C'est très difficile pour moi de parler de La La Land, même après plus de 10 visionnages. Je l'aime si profondément, si intensément que toute tentative d'écriture à son propos me paraît minimiser sa...

Par

le 10 avr. 2020

4 j'aime

1