Le terme de réalisateur multi-facettes s'est rarement aussi bien appliqué à quelqu'un qu'à Steven Spielberg. S'il s'est certes concentré uniquement sur des blockbusters à gros budget, il a toutefois touché à tous les genres. Du film d'aventure à la Indiana Jones au film de science-fiction (qui semble rester sa thématique préférée à travers Jurassic Park, ET ou AI pour ne citer qu'eux) en passant par le film de guerre (Il faut sauver le soldat Ryan), le thriller horrifique (Les dents de la mer), le drame (La liste de Schindler) ou d'autres, Spielberg a toujours su poser sa patte dans les genres qu'il conquiert et imposer des oeuvres remarquables.
Avec 1941, son cinquieme film, il signe un genre dans lequel je ne l'avais pas encore vu : la comédie. Si Indiana Jones, Hook ou ET contiennent des gags ça et-là, le comique n'est pas le propre du film.
Encore une fois, Spielberg montre qu'il maîtrise le genre, mais avec peut-être moins de virtuosité que ce qu'il a été capable de le faire. Les premières minutes, auto-référencées, posent le décor : une baigneuse surprise par un sous-marin japonais sur le thème de Jaws nous introduit à la fois le contexte post Pearl Harbour, le type d'humour et nous introduit à la grande diversité des personnages qui interviendront.
Le problème du film est à mon sens là-dedans. Le scénario, bien que cohérent, part dans tous les sens à travers de nombreuses intrigues secondaires portées par une multitude de personnages : un danseur veut sauver sa petite amie des griffes d'un caporal, un pilote veut tirer son coup à bord d'un avion, un autre est persuadé de se livrer à des courses poursuites incessantes avec les japonais, un père de famille fait face à l'installation d'un tank dans son jardin, un sergent essaie de tempérer les ardeurs de ses concitoyens, deux soldats pas très malins discutent en haut d'une grande roue, un général regarde Dumbo au cinéma, et les japonais du sous-marin essaient de localiser Hollywood.
Pas facile de s'y retrouver au milieu de tout ce bazar donc ! Là comme ça, je compte environ 25 personnages participant à l'intrigue. Si c'est bien évidemment voulu, le film montrant le désordre chaotique de la guerre sous un angle comique, il est difficile de rentrer dedans pour cette raison. L'humour fait toutefois mouche la plupart du temps, même si certaines blagues sont assez potaches ou ont mal vieillies.
Du fait de la pléthore de personnages, on aperçoit beaucoup de têtes connues parmi les acteurs : Dan Aykroyd, John Belushi, Christopher Lee, Nancy Allen, Ned Beatty... Le plaisir qu'on a à les voir apparaître est hélas tempéré par la frustration de ne les voir finalement que si peu, puisqu'ils ont droit à des scènes de quelques secondes, les autres intrigues devant avancer elles aussi.
Du côté de la musique, John William signe comme souvent une bande son contribuant au charme spielberguien.
En bref, une comédie amusante, mais aux personnages trop effleurés pour avoir de la profondeur et pour lesquels il est hélas très difficile de développer la moindre forme d'empathie.

Heobar

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