A l'instar de Nos soleils de Carla Simón, 20 000 espèces d'abeilles, premier long-métrage de la réalisatrice basque Estíbaliz Urresola Solaguren, procède par petites touches impressionnistes pour aborder son sujet, avant de l'évoquer plus franchement dans sa dernière partie. Le film s'attache d'abord, en changeant parfois de point de vue, à décrire une famille où règne quelques tensions mais si l'ensemble ne manque pas de sensibilité, sa durée, au-delà des 2 heures, ne se justifie en aucune façon, puisque l'on en a presque d'emblée compris les enjeux. Le personnage principal du film est Aitor, son prénom officiel ou encore Coco, celui utilisé devant ses amies et enfin Lucia, celui qui lui correspond le mieux à cette fillette de 6 ans, née dans un corps étranger, celui d'un garçon. Pour ce rôle, Sofia Otero a obtenu le prix de la meilleure interprétation (non genré) à la Berlinale 2023, une récompense légitime. Les sous-intrigues, elles, prennent plus ou moins d'importance, selon les moments, avec une intensité variable, et détournent parfois inutilement du sujet central. Trop étiré, le film n'évite pas les répétitions ni les langueurs et ne s'impose vraiment que dans sa dernière demi-heure quand le récit s'affirme pour de bon et cesse de tourner en rond, toujours avec délicatesse, certes, mais de manière un peu trop timide.