Un des rares films vus dans ma prime jeunesse au cinéma sur grand écran … Je me souviens d'en être sorti très impressionné. Evidemment mes parents m'avaient offert le livre de Jules Verne dans la foulée dont je n'ai pas gardé un souvenir aussi grand. Autre façon de le dire, j'ai toujours eu tendance à préférer chez Jules Verne, ses romans "plus romantiques". Parce que, autant le roman que le film, c'est quand même très très masculin (à part Esmeralda, pour les zoophiles – au sens premier du terme, bien sûr) … Même aujourd'hui, ce n'est certainement pas le roman de Verne que je relirai volontiers ; la science ! La science rencontre parfois ses limites chez moi…
Je ne vais donc pas m'attarder sur l'adaptation et vais plutôt me focaliser sur le film.
Grosse production de Disney en 1954 avec beaucoup de moyens, réalisée par un grand réalisateur hollywoodien de l'époque, Richard Fleischer.
Faut reconnaître que le spectacle est garanti pendant deux heures. Même aujourd'hui, les séquences sous la mer sont bluffantes et très belles. Les décors qu'ils soient à l'intérieur du Nautilus ou à l'extérieur sont très réussis et fort crédibles. Un des clous du spectacle, c'est quand même la fameuse attaque du vaisseau par le calmar géant qui, même aujourd'hui sur un écran de télé, fait toujours son petit effet. Bon d'accord, l'attaque des sauvages dans l'île ne fait pas trop crédible car les distances ne paraissent pas telles que nos deux aventuriers puissent s'échapper. De même, la vue "aérienne" du Nautilus flottant sur la mer met en évidence que l'amplitude de la houle n'est pas en rapport avec la taille supposée du Nautilus. Ok mais ce sont quand même des détails qu'un regard d'enfant ne va pas voir.
Rien à dire, côté mise en scène, sinon que le père Fleischer en remontrerait aux petits jeunes d'aujourd'hui avec leurs effets numériques. On ne peut pas dire que de ce point de vue, le film ait vieilli.
Le casting qui tourne essentiellement autour de quatre acteurs !
Le capitaine Nemo joué par un James Mason qui joue parfaitement l'ambiguïté du personnage rempli de haine pour les hommes pleins de vices et pourtant lui-même vouant ses recherches à développer la vie sous la mer. Son comportement est lui-même complexe (on pourrait dire peut-être aujourd'hui "bipolaire") où il passe facilement d'une phase calme (il joue la célèbre toccata et fugue de Bach) avant de se lancer à l'attaque d'un navire de guerre.
Le rôle de Conseil est tenu par un Peter Lorre qui roule des yeux comme jamais. C'est le gars modeste mais imbu de sa position de domestique, factotum indispensable et dévoué de l'éminent professeur Aronnax (Paul Lukas) et finalement bien sympathique.
Mais bien sûr, c'est Kirk Douglas qui accapare l'attention en jouant le matelot de base, harponneur émérite, qui ne veut qu'une chose s'évader si possible avec le trésor que contient le Nautilus (ce qu'il ne pourra pas faire pour la bonne morale de 1954). Un peu tendance à tirer la couverture à soi mais comme il représente la vie, on sera indulgent. Même Esmeralda, l'otarie, l'adopte. Alors …
On peut peut-être regretter que le reste de l'équipage, complètement asservi au capitaine Nemo soit si mutique. C'est d'ailleurs une limite du film qui ne peut que condamner l'utopie développée par le capitaine Nemo.
Mais, il ne faut surtout pas trop réfléchir à ces questions qui gâteraient ce splendide film d'aventures. Un peu trop masculin, mais je crois l'avoir déjà dit.