La sortie de 21 Jump Street en 2012 fut un joli petit succès critique et commercial dans son pays natal, même si le film fut plus discret en France (et je fais partie des quelques 297 785 égarés/curieux qui l’ont vu en salles à sa sortie).

En reprenant le nom et l’idée d’une série qui avait marqué son temps dans les années 1980 et 1990, faisant connaître un certain Johnny Depp, ce nouveau film semblait profiter d’un regain de nostalgie de ces années. Si la télévision a toujours aimé faire revenir ses anciennes gloires pour des épisodes spéciaux (La Famille Addams : C'est la fête en 1977, treize ans après la fin de la série ; trois téléfilms en 1997, 2000 et 2007 pour Shérif, fais moi peur ! alors que la sérié s’est arrêtée en 1985, etc;) ou en refaisant de nouvelles séries (Dallas, MacGyver, Le Retour de K 2000, .), il est plus récent que le cinéma vienne piocher dans ce réservoir télévisuel. Mais l’industrie étant assez opportuniste, elle a vite compris l’intérêt qu’elle avait à reprendre ces titres à son profit.

Depuis les années 1990, toute une ribambelle de films ont ainsi déboulé dans les salles obscures, capitalisant sur l’aura de vieilles séries pour récupérer quelques billets. Mission Impossible, Ma Sorcière bien-aimée, Perdus dans l’espace, Charlie et ses drôles de dames, Starsky et Hutch, Shérif, fais moi peur, L’Agence tout risques, Dark Shadow et bien d’autres ont ainsi tenté leur chance, avec des succès divers et des ambitions différentes, entre respect sincère ou de façade et émancipation vis à vis de l’oeuvre originale.

Avec 21 Jump Street (2012) la relecture est plus piquante que nostalgique, utilisant un humour sarcastique absent de l’original, mais aussi une autodérision bienvenue.

L’idée reste la même, avec des policiers infiltrés dont le QG se situe dans une ancienne église au 21 Jump Street. Morton Schmidt et Greg Jenko se connaissent depuis le lycée, mais l’un était le petit gros intello mal dans sa peau et l’autre le sportif un peu benêt. C’est de partager les bancs de l’école de police qui va les rapprocher, même si leurs premiers pas sur le terrain n’ont rien de fameux. Il leur est alors proposé de participer à une nouveau programme d’infiltration, où les agents vont devoir infiltrer un lycée de la région, pour dénicher la provenance d’une nouvelle drogue.

Ils ne sont pas au bout de leurs surprises. Car en quelques années, la nouvelle génération de lycéens s’est renouvelée et les plus populaires sont maintenant les étudiants activistes et engagés, un peu hipsters. De plus, ils ont échangé leurs dossiers scolaires, Greg Jenko l’ancien sportif va ainsi se retrouver au sein d’un groupe de nerds. Ce « Back to school » n’a ainsi pas la même teneur que leur précédente expérience scolaire, les populaires ne sont plus les mêmes, tandis que leur amitié pourrait bien être compromise par cette nouvelle situation.

D’autant plus que Schmidt et Jenko ne vont pas se révéler être les étudiants les plus sages possibles, malgré les consignes de leur responsable, l’énervé capitaine Dickson. L’enquête policière étant des plus limitées, ce retour en adolescence s’accompagne aussi d’un esprit plus moderne, plus festif. Les deux compères vont ainsi se retrouver à consommer de la drogue pour conserver leur couverture, pour une scène psychédélique et délirante qui marque le film. Ils vont organiser une fête pour récupérer des informations, où l’alcool coulera à flots. Et difficile de rester insensible aux charmes de Molly (jouée par Brie Larson), étudiante impliquée dans l’affaire, ou à ceux de la professeur Grigs (jouée par Ellie Kempfer), malgré les consignes.

21 Jump Street fait donc revivre ces années, avec une certaine exagération bien plaisante, mais aussi un petit esprit débauché assez décalé. Il faudra tout de même s’accommoder du vocabulaire très fleuri employé. Le film n’hésite pas à se moquer de ses deux personnages, mais ce sera pour mieux les réunir, pour une belle histoire de bromance.

Le métrage use aussi d’une auto-dérision bienvenue et surprenante sur les clichés cinématographies ou télévisuels, fustigeant les reprises nostalgiques des anciennes gloires ou au sein de son récit se moquant de l’écart d’âge des lycéens infiltrés peu crédible. Mieux, le film se moque aussi de certaines attentes, à l’image de ces courses-poursuites dans des véhicules plus saugrenus, ou de l’explosion attendue sur l’autoroute et qui ne viendra pas de là où on l’attendait, moquant les voitures qui explosent pour un rien dans les films.

Le film rappelle d’ailleurs que les droits Miranda (« vous avez le droit de garder le silence » etc.) sont oubliés ou écourtés dans les films ou les séries télévisées, alors qu’ils sont obligatoires aux États-Unis.

Avec Jonah Hill et Channing Tatum dans les rôles principaux, 21 Jump Street se trouve un beau duo d’acteurs dans ce buddy-movie policier/ado où les deux se révèlent assez attachants. Même si Channing Tatum dans son rôle un peu benêt se montre peut-être plus désavantagé. Le film réunit une belle équipe de bons acteurs pour jouer la comédie, avec des habitués tels Dave Franco, Ice Cube, Rob Riggle ou Chris Parnell.

Taquin et drôle, au revisionnage 21 Jump Street reste cette agréable surprise comique découverte à sa sortie sur grands écrans. Même si le film se révèle parfois superficiel sur le développement de ses personnages ou sur certaines de ses idées, le divertissement et le rire sont garantis, tant que cet humour américain ne nous est pas étranger. Cette réussite s’explique par les talents réunis, le film est co-écrit par Michael Bacall qui avait participé à l’excellent film Scott Pilgrim et Jonah Hill, habitué des comédies, et réalisé par Phil Lord et Chris Miller, remarqués sur Tempête de boulettes géantes, applaudis pour La Grande Aventure Lego.

Une suite est sortie en 2014, tout simplement nommée 22 Jump Street, avec la même équipe qui gagne.

SimplySmackkk
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le 9 déc. 2022

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SimplySmackkk

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