Je suis aussi bien capable d'adhérer à certains films des frères Larrieu comme rester pas mal en dehors d'autres, c'était donc assez neutre que je me présentais devant « 21 nuits avec Pattie », à la fois attiré et un peu inquiet par ce côté grivois ouvertement assumé. Verdict : et ba c'était plutôt chouette. Alors c'est clair : il faut vraiment rentrer dans cet univers franchement bucolique et singulier, mais si c'est le cas, ce bonbon coquin et volontiers acidulé lorsqu'il le faut s'avère vraiment savoureux, les frangins n'ayant pas leur pareil pour créer une profonde stimulation uniquement à travers les mots. C'est l'un des gros partis pris de l'œuvre : mettre le sexe constamment au cœur du récit, mais uniquement par la parole, ce qui ne le rend en définitive que plus excitant, me régalant notamment à chaque fois que Karin Viard abordait le sujet, son talent pour rendre n'importe quelle histoire de cul jubilatoire nous mettant la banane.
C'est un film assez difficile à classer, sorte de conte initiatique sur une femme (Isabelle Carré, sensible, subtile) en quête d'elle-même et de liberté (bien qu'elle l'ignore), peuplé de personnages étonnants ayant tous un rôle important à jouer auprès de l'héroïne, avec en prime des sujets aussi diverses que le deuil ou la nécrophilie, toujours avec humour (oui, c'est possible) et une certaine insolence. Pas d'extase cinématographique non plus, la faute notamment à un léger faux rythme par moments, mais une expérience étonnante, apportant une forme de plénitude uniquement par la parole : comme quoi, le « plaisir sexuel » peut prendre parfois les formes les plus inattendues..