Avoir un enfant vous amène à voir des films vers lesquels vous ne seriez pas allé de prime abord. C'est le cas pour 4 bassets pour un danois, vu à huit ans et revu hier (soit 40 ans plus tard). Le film a toujours un scénario sympathique sujet à moments de franches rigolades (on n'est pas dans The Party mais c'est quand même pas mal) : elle (Fran), fan de femelles bassets, lui (Mark), héritant d'un beau danois mâle et le difficulté pour toute cette petite ménagerie canine à cohabiter ensemble. Il faut dire que ces filles bassets sont bien coquines et ne font que des bêtises, qui comble de l'injustice, sont imputés à ce bon gros danois. Tout finira bien une fois que le Danois aura prouvé sa valeur auprès de la maitresse de maison en gagnant un concours canin.
Cette production Disney typique est nettement plus critiquable quand on s'intéresse au fond idéologique du film. Finalement, 4 bassets pour 1 danois ne raconte l'histoire que d'un ordre mâle qui, malmené par les femmes, reprend la pouvoir en imposant sa position dominante. Pour un peu, on se rapprocherait de Ma sorcière bien-aimée (même banlieue pavillonnaire) où une sorcière accepte de ne plus user de ses pouvoirs et de n'être qu'une bonne ménagère, pour ne pas faire d'ombre à son mari. Il est édifiant de voir que le danois ne retrouve grâce auprès de la dame, non pas car la justice a repris ses droits et a montré que ce chien n'était pas responsable des dégâts multiples occasionnés dans la maison, mais en obtenant une médaille - on est dans la pure méritocratie compétitive. Dès lors, et elle le dit elle-même, Fran n'aura plus autre ambition que faire le ménage de la maison, laissant le travail (Mark est artiste-peintre) à son mari. C'est une guerre des genres - et pas des sexes (les époux non sexués font lits séparés), et dans celle-ci, c'est le masculin qui naturellement doit gagner. La logique voudrait que les époux se retrouvent finalement ensemble dans un seul lit conjugal mais Disney, bigot, prend pas le risque d'aller sur ce terrain (pas d'enfant prévue dans cette famille, seulement des chiens). Dans un dernier plan, même le Danois repousse une de ces chères bassets, et montre qu'il est désormais le maître chez lui. On est bien en 1967, chez Disney (pas vraiment un modèle de progressisme), et c'est quand même dommage car cela donne un petit arrière goût amer à ce divertissement.