Alors, oui, 7, c'est sans doute beaucoup trop généreux pour rendre compte des situations mièvres de collégiens timides mais amoureux, des dialogues débiles qui, au choix, pourront vous faire sentir de la honte ou vous claquer les zygomatiques droits et gauches en même temps, ou encore des images tellement colorées qu'elles paraitront kitsch à côté du ranch de Mon Petit Poney.
Pourtant, on retrouve, comme toujours chez Makoto Shinkai, un style graphique souvent proche du sublime, mêlant très habilement les dessins à la main et les effets graphiques numériques. On reconnait plusieurs fois les mêmes lieux, à des saisons différentes, sous un temps différent, tout est animé de petites choses, des gouttes d'eau qui ruissellent, l'herbe courbée par le vent... du côté de l'environnement graphique en tout cas, à part quelques fautes de goût, j'ai vraiment aimé le reste. Je suis en revanche plus dubitatif en ce qui concerne le character design, mais c'est une habitude chez ce réalisateur, et finalement, ce n'est pas pire que d'habitude.
Sur la forme du film, ensuite, j'ai trouvé le découpage intéressant, dans le sens où il semble montrer que Makoto SHinkai est peut-être meilleur dans ce format court métrage (trois fois vingt minutes) que dans le format long. La lenteur de ses histoires s'accomode bien de cette durée, qui permet de ne pas s'appesantir outre mesure, de ne pas en rajouter. Et puis c'est peut-être bête, mais ces trois parties ont aussi l'avantage d'être liées (un même personnage central), mais également franchement différentes (âges différents, villes différentes, recul différent sur les relations), ce qui permet à chaque fois un nouveau départ. Je me rend compte que dans chacune de ces parties, le démarrage des histoires est franchement pas terrible, mais qu'un certain climat s'installe petit à petit et au final, ce sont bien les qualités qui prennent le dessus sur les défauts.
Mais je pense que ce qui m'a plu, avant tout, c'est au niveau du scénario, la réelle transformation qui s'opère chez Takaki, le personnage central, matérialisée de main de maître par la dernière scène. Il faut, certes, passer par la douloureuse épreuve de la chanson vraiment horrible, mais les trois ou quatre derniers plans donnent réellement un tout autre visage au reste du film.
On voit d'ailleurs bien que ce thème de la transformation d'un enfant à un adulte est un thème central chez Makoto Shinkai (de même que celui de l'absence). C'était déjà le point de départ de l'excellent Hoshi No Koe -The voices of a distant star- (court métrage qui partait d'une idée simple, mais géniale), mais également le signifié de La Tour Au Dela Des Nuages (long métrage beaucoup moins réussi, cf ma critique), sauf qu'ici, c'est comme s'il avait voulu revenir aux bases. La situation est beaucoup plus simple, presque commune, et le réalisateur peut du coup dérouler son idée à son rythme, en nous laissant le temps de la contemplation.
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