Elles sont nombreuses, les familles américaines à être mises à la porte de leur maison devenue, en quelques jours, la propriété de la banque. Incapables d'honorer des traites de plus en plus élevées, hommes, femmes, enfants et vieillards se trouvent contraints de s'entasser dans des motels alentour, en attendant des jours meilleurs.


C'est dans cette situation que l'on rencontre Dennis Nash (Andrew Garfield), un ouvrier du BTP qui trouve un beau jour sur son seuil Rick Carver, un agent immobilier véreux qui fait son miel des expulsions, flanqué des flics du coin : ils lui signifient qu'il a deux minutes pour rassembler quelques affaires avant que sa maison de famille ne soit saisie. Aux côtés de sa mère (excellente Laura Dern) et de son fils, Dennis traverse l'enfer de la dépossession matérielle totale puisqu'il se retrouve également sans activité - tous les chantiers étant au point mort faute d'acheteurs solvables.


Dos au mur et à court de solutions rapides, le jeune homme va se voir proposer de vendre, en quelque sorte, son âme au diable, en s'associant au richissime Rick Carver, qui magouille sévère derrière chaque panneau "à vendre" et piétine en souriant toute moralité. Ce dernier va rapidement faire de Dennis son homme à tout faire, l'amenant peu à peu à effectuer le sale boulot (les expulsions). Grassement payé, avec en ligne de mire la possible récupération de sa maison, Dennis n'en demeure pas moins violemment tiraillé entre la nécessité absolue de faire vivre sa famille (qu'il n'a pas mise au courant de ses activités) et ses principes moraux... S'engage alors un combat intérieur qui renvoie chaque spectateur à ses choix et à ses responsabilités : doit-on perdre son âme pour gagner sa vie ?


Sobrement mis en scène, ce drame social réaliste nous plonge dans l'intimité et le quotidien de ces familles qui ont tout perdu du jour au lendemain, broyées par un système qui les dépasse, sur lequel ils n'ont aucune prise et qui décide pour eux, sans jamais les écouter.


Le duo Andrew Garfield/ Michael Shannon (résolument à contre-emploi de son rôle dans Take Shelter) fonctionne à merveille et on suit avec intérêt le conflit larvé et la lutte de pouvoir qui se jouent entre eux.


Grand Prix du Festival de Deauville 2015, 99 homes est un film aux allures de documentaire, avec une mise en tension intéressante tout en restant toujours du côté du réalisme social. I
Instructif et édifiant.

BrunePlatine
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le 1 mai 2016

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