Si Jérôme Garcin vante un film, c'est forcément pour une bonne raison : "Jamais de la vie" est un bon exemple.
Bon, déjà : Olivier Gourmet.
Cet acteur parvient à porter le film entier sur ses épaules (bien aidé aussi par les seconds rôles, inattendus, de Valérie Bonneton et Julie Ferrier, par exemple), il promène partout son regard profond, sa "gueule" intense, ses mimiques vraies : jamais, jamais cet acteur ne joue, il est entièrement lui dans tous ses rôles, il est d'un naturel et d'une densité absolument incroyables.
Il rejoint, pour moi, le palmarès de mes acteurs préférés, aux côtés de Cluzet de Dupontel.
Le personnage qu'il incarne traîne une vie misérable de gardien de nuit, célibataire, alcoolique, vivant dans une cité où les flics coursent des gamins au crâne rasé en roue arrière sur leurs scooters. Il croise ça et là des individus à la marge, qui une conseillère en réinsertion aussi malheureuse et esseulée que lui, qui une ex qui ne sait pas trop ce qu'elle veut, qui des jeunes désœuvrés qui préparent des coups pendables.
Un peu comme dans un film d'Inarritu, on se demande jusqu'où ira la noirceur, la peinture d'un drame social qui n'en finit pas de faire dégringoler ses personnages.
J'ai trouvé ce film très réussi, très bien mis en scène, la photo est par moments très léchée ...et ce morceau de fin qui contraste tant avec l'obscurité morale de l'ensemble : bravo, M. Jolivet !