L’atout principal de ce western est indéniablement son tournage dans les sublimes paysages de l’ouest canadien. Il donne à l’ensemble une dimension aventureuse où le danger ne vient pas seulement des hommes (où il faut, d’ailleurs, faire un tri) mais aussi de la nature. Le sujet ne manque pas d’intérêt avec une intrusion dans le monde de la cavalerie rouge et un refus, a priori, des manichéismes (les gentils blancs et les méchants indiens).
Si l’ensemble est porté par un Raoul Walsh qui sait parfaitement maîtriser la dimension épique de ses récits, le film rentre rapidement dans le rang en alignant les poncifs (les traîtres, les faux méchants, les héroïques soldats, la reconnaissance par ses supérieurs de la justesse de l’analyse de la situation par le héros, sans oublier la romance avec la seule femme aperçue dans le long-métrage). Le classicisme d’une intrigue qui poursuit jusqu’au bout sa route sans jamais bifurquer déçoit forcément alors qu’on aurait apprécié quelques rebondissements inattendus.
Alan Ladd, fidèle à lui-même, fait le job mais manque d’envergure pour porter une mutinerie. Et le couple qu’il forme avec Shelley Winters n’est pas vraiment convaincant. On trouve cependant quelques seconds rôles appréciables qui apportent une plus-value à l’ensemble. Au final, un film distrayant et qui a des arguments à défendre, mais on n’est pas dans un grand Walsh.