Je ne regrette pas d'avoir tenté le re-visionnage du "Quart d'heure américain" (terme qui désigne le moment d'une soirée où ce sont les femmes qui invitent les hommes) qui m'a offert un vrai bon moment de détente. Je n'essayerai pas de le vendre comme un standard de la comédie française, mais le film de Philippe Galland vaut bien mieux que sa médiocre réputation, surtout si comme moi on apprécie les ambiances eighties.
Evoluant dans des sphères proches du Splendid, et surtout connu pour avoir mis en scène "Le Père Noël est une ordure" version pièce de théâtre, Galland s'est également essayé au cinéma, "Le quart d'heure américain" étant son deuxième long-métrage (dont il assure également le scénario et les dialogues), misant énormément sur la drôlerie et la complicité du duo Gérard Jugnot - Anémone.
Sans être hilarante, cette comédie de mœurs parfois grinçante offre son lot d'éclats de rire francs et massifs : voir Jugnot préparer amoureusement un "jus de chaussette" - au sens propre - dans sa piaule miteuse, perso ça me fait rire... La séquence chez son ex avec le frigo est aussi un excellent moment.
Surtout, par rapport aux comédies actuelles qui cherchent désespérément un pitch original et décalé pour justifier leur scénario poussif, Galland peut s'appuyer sur un sujet en or, authentique et percutant, pour alimenter le côté "comédie sentimentale" : une femme qui découvre l'orgasme avec un homme qu'elle trouve laid et insortable, créant ainsi une situation d'attraction-répulsion permanente.
Certains feront remarquer que justement, "Le quart d'heure américain" abuse de cette idée, avec un scénario trop mince et paresseux, qui finit par tourner en rond - même si en arrière-plan, on apprécie le regard satirique porté sur l'univers des radios.
Pour dépasser son statut de petite comédie sympa, il manque en outre un peu d'ambition dans tous les domaines (décors, musique, mise en scène...) ainsi que des personnages secondaires plus étoffés.
Qu'importe, "Le quart d'heure américain" constitue un agréable vestige des années 80, porté par l'abattage de Gérard Jugnot qui façonne son personnage de français moyen attachant, et par le métier d'Anémone, qui n'a pas son pareil pour jouer les grandes bringues sexy mais un peu moches, condamnées à attirer tous les re-lous collants et pénibles (rappelons que l'année précédente, Anémone avait déjà donné dans les galériens du sentiment avec Michel Blanc dans "Ma femme s'appelle reviens" - film beaucoup plus poussif en l'occurrence).