Premier film de J-L GODARD, la découverte de son cinéma.
Joueur, énergique, sensible sont les mots caractérisent le film selon moi. Dès l'introduction Michel Poiccard nous embarque. Il prend à partie le spectateur, il ne semble pas avoir le temps. « Qu'elle heure est-il ? » prononcera-t-il plusieurs fois. Un homme sur le qui-vive, qui n’est pas dans le paraitre mais dans l’être. Qui sait qu’il y a une fin, qui refuse cette fin. Peu imorte les normes, il avance. Le film se construit sur cette base.
Le film se construit autour de la cavale de Michel Poiccard, toute cette cavale est déstructurée par la mise en scène et le rythme du film. Pas de linéarité, pas d’objectif précis.
Ce bandit dandy interprété par Belmondo est amoureux. Durant le film la cavale, rythmée par sa musique et ses cuts, par son Paris d’époque, est momentanément laissée de côté dans ce qui est selon moi la plus belle partie du film : le moment dans la chambre d'hôtel entre Jean-Paul Belmondo et Jean Serberg. 1 acteur/trice, 2 accents, 2 personnages partagés qui jouent, se regardent, s'apprivoisent, s'amusent, et s'aiment un peu ? Beaucoup ? Se comprennent puis ne se comprennent plus. Michel Poiccard est un homme pressé, un homme "de l'instant", face à lui Patricia cherche des réponses. Toute cette séquence est composée de dialogues qui virevoltent dans un sens, reviennent dans un autre. Ponctué par des mots, des phrases, en en décalage avec ce qui est vécue dans la scène. Michel est obnubilé par Patricia, par son amour et son envie de coucher avec elle. Patricia semble s’amuser de la situation, sans jamais se moquer de lui. Elle qui ne sait pas « pourquoi elle l’aime bien ».
J-L GODARD s’amuse avec ses comédiens, Patricia étant américaine elle ne comprend pas tous les mots prononcés par Michel, ainsi on revient sur des mots. Notamment sur la peur « trouillard » ; « froussard » ; et d’autres synonymes qui font échos au personnage de Michel et à son rapport aux évènements et plus globalement à la vie.
A travers cette légèreté et cette mise en scène singulière j’ai vu un questionnement sur l’amour, sur la vie qui passe et sur l’intensité qu’on peut lui donner : Michel incarne un fonceur qui semble avoir peur du temps qui passe. Pas de temps à perdre pour prendre décision, pas de temps à perdre pour obtenir de l’argent ou pour se déplacer quitte à emprunter la voiture d’un inconnu, pas de temps à perdre pour s’aimer. Patricia tempère, se questionne, est tiraillée. Le désir pour Michel et cette forme de liberté, lutte contre un questionnement sur son amour envers lui.
L’homme et la femme, l’amour, le couple, la relation amoureuse, sont des éléments incarnés et questionnés par J-L GODARD et ses personnages. Le sentimentalisme des personnages s’exprime très singulièrement dans ce film. Ce qui donne de la force et de la beauté à certains dialogues par exemple sur l’amour lorsque Michel dit « : Dès que tu as peur ou que tu es étonnée, tu as un drôle de reflet dans les yeux. Je voudrais recoucher avec toi à cause de ce reflet. » ou Patricia qui dit à Michel « C'est triste le sommeil. On est obligés de se séparer. On dit "dormir ensemble" mais c'est pas vrai. . Ou bien encore plus tard lors de la désillusion amoureuse Michel dira : « Quand on parlait, je parlais de moi et toi de toi, alors que t'aurais dû parler de moi et moi de toi. ». Certains plans fixes sur le visage de Patricia sont très évocateurs, sur la relation entre les 2 personnage. Patricia et sa coupe à la garconne incarnée par la très belle Jena Serberg dans le film, est d’une grande douceur et drôlerie. Le duo m’a embarqué.
Je n’avais jamais vu un film comme ça, un film tourbillonnant de cette manière.