Voilà un film attrapé par le plus grand des hasards à la médiathèque, que j'ai lancé sans enthousiasme et qui s'est pourtant révélé d'une efficacité redoutable - malgré ses 2h20, on ne s'y ennuie pas un seul instant.


La tout première partie, qui nous présente le jeune trader Lokhart dans son cadre new-yorkais, est mensongère puisqu'il ne sera plus question de cet endroit par la suite : le jeune homme est bien vite mandaté par sa hiérarchie pour aller chercher un des pontes de la boîte, parti faire une cure thermale en Suisse et qui semble ne plus vouloir revenir (ainsi que l'indique la lettre qu'il a envoyée chez ses confrères Yankees).


Voilà donc Lockhart - aux faux airs de Di Caprio dans Shutter Island (et le parallèle avec ce film est assez pertinent ici) qui arrive en plein coeur des (somptueuses) Alpes suisses, dans un château majestueux (le tournage a eu lieu au château de Hohenzollern en Allemagne) où tout ne semble que luxe, calme et volupté. Les curistes - uniquement de richissimes magnats débarqués là au bord du burnout - s'y adonnent au croquet, aux mots croisés, sous un soleil magnifique, dînant sur de vastes nappes blanches richement garnies de savoureuses victuailles. Cette description idyllique à la photo léchée (certains passages aquatiques m'ont fait penser à Youth) est cependant contrariée par l'ambiance ténébreuse, sourdement menaçante, qui semble planer sur chaque plan - et puis, où se trouve le banquier en fuite, Roland Pembroke ?


A la faveur d'un accident au rendu fort réaliste - comme la plupart des scènes de ce très bon film - Lockhart se retrouve à son corps défendant patient de ce très chic établissement aux relents mystérieux où tout ne semble que masques et symboles. Et ce n'est pas l'attitude étrange du directeur qui pourrait rassurer le trader. Difficile d'en dire davantage sans spoiler, mais disons que Lockhart le trop curieux va commencer à mener sa petite enquête, tout en jouant le patient docile - jusqu'à un point que nous ne révélerons pas ici.


Tout ce que je peux dire c'est que ce film est horrifique à souhait, certaines scènes m'ont parues tout simplement insoutenables et la mise en scène concourt à renforcer la paranoïa et le suspense - à leur comble, bien souvent ! Les longs couloirs mal éclairés rappellent des hôtels bien connus du 7ème art (comme dans Shining), les hallucinations délirantes du personnage, le caractère irréel de certains moments, m'ont très largement rappelé (pour mon plus grand bonheur) Shutter Island.


Et que dire du symbolisme de ces animaux grouillants que l'on verra surgir plus d'une fois au cours de cette traversée épouvantable ? Il y a là un inconscient sexuel à l'oeuvre, ou je ne m'y connais pas !


Bref, un excellent thriller, fort bien interprété par des acteurs dont on peut imaginer le malaise lors du tournage de certaines scènes (dont l'une m'a malheureusement rappelée The Human Centipede..) : rien que par compassion, il faut voir ce film !


Flippant, beau - avec une bande-son formidable - A Cure for wellness vous fera passer un excellent mauvais moment de qualité !

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le 11 févr. 2019

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