Après les visionnages de Sept hommes à abattre (beaucoup mieux, à voir en priorité !) la semaine dernière, et du Déserteur de Fort Alamo il y a quelques temps, continuons la découverte de la filmographie de Budd Boetticher, avec A feu et à sang, western réalisé en 1952.
Bien qu’aujourd’hui, le nom de Boetticher ne fasse pas partie des grands noms du western, aux côtés de John Ford, John Sturges, Sergio Leone et compagnie, c’était un réalisateur (de westerns, mais pas que) prolifique, « l’une des plus belles carrières de western et aussi l’une des plus discrètes » selon Christian Viviani, spécialiste du cinéma américain, rédacteur de la revue Positif, et auteur de l’ouvrage Le Western.
Bien qu’il s’agisse déjà de son douzième film, A feu et à sang n’est qu’un des tous premiers westerns du bonhomme (le troisième pour être exact, après Black Midnight et The Wolf Hunters, tous deux réalisés en 1949). Le style y est encore balbutiant, et les codes du genre ne sont pas toujours bien intégrés.
A feu et à sang : encore un titre qui ne veut strictement rien dire et ne trouve aucun écho dans le film. Tout au plus, il s’agit pour Universal – qui produit à la pelle, à cette période, des westerns bon marché – d’un élément marketing susceptible d’amener le public, friand de ce genre cinématographique, en salle.
Une nouvelle fois, le titre original du film, Cimarron Kid, est plus parlant. Il désigne le personnage principal, Bill Doolin alias « Le Kid », fraichement sorti de prison et remis en liberté conditionnelle. Malgré sa volonté de se ranger et de devenir honnête homme, son passé le rattrape rapidement et le voilà poussé à reprendre du service dans son ancienne bande, les Dalton. Bien qu’ils soient plus que quatre, et tous de grande taille, les Dalton sont rudement bien organisés et sèment la pagaille dans la région.
Suite à un coup qui tourne mal – un vol simultané dans deux banques d’une petite ville – une chasse à l’homme sans pitié s’organise entre les autorités et Bill Doolin.
Une intrigue relativement classique, mais qui aurait pu donner un petit bijou, avec son lot de rebondissements. Malheureusement, et malgré quelques scènes vraiment réussies (comme la double attaque de banques), les incohérences de montage et la réalisation brouillonne ne permettent pas au film de sortir du lot des westerns de série B.
Plusieurs moments heurtent la fluidité de l’histoire. Par exemple, comment se fait-il que Bill Le Kid saute menotté d’un train en marche, et qu’on le retrouve le plan suivant traversant les champs sans menottes ? Pour un faux raccord, c’est un peu gros, mais s’il s’agit d’une ellipse temporelle, une scène supplémentaire aurait été méritée.
De même, la séquence où la bande échappe de justesse aux hommes du Marshall grâce à un complexe jeu de plaque ferroviaire pivotante est l’exemple parfait d’un montage très brouillon : pourquoi s’entêter, sous le feu ennemi, à démarrer la locomotive et à aligner les rails, pour finalement fuir à cheval…
Enfin, la scène de fin est franchement incohérente : Bill se rend bien gentiment, sans protester alors qu'il risque assurément la potence, et la dernière phrase du film insiste sur la chance qu'il a d'avoir été pris en vie...
Malgré ces passages qui font tâche et une première partie (centrée sur le personnage du Kid et sur la préparation de l'attaque des banques) bien supérieure à la seconde (la chasse à l'homme à proprement parler), A feu et à sang reste globalement un western appréciable, son montage resserré et sa dose d’action nous empêchent de nous ennuyer.