Tom est un bon père de famille, et gérant d’un café dans une petite ville tranquille de l’Indiana. Sa vie bascule le jour où deux crapules de passage tentent de braquer son établissement, et que notre héros les expédie fissa outre-tombe. Il va alors attirer une certaine attention. Tom est-il réellement l’Américain moyen innocent qu’il prétend être, ou cache-t-il une part plus sombre ?
Derrière ses aspects de film noir, « A History of Violence » cache plusieurs réflexions sur la société américaine… ou l’humain en général. Une première thématique est celle du passé, qui ne peut être enfoui, même par le rêve américain et ses idéaux de deuxième chance. Mais la thématique principale est évidemment celle de la violence. Violence enclenchant un cercle vicieux, violence néfaste pouvant anéantir le cercle de la famille et de la confiance. Mais aussi et parfois violence nécessaire pour survivre, ou combattre certains « parasites » de la société. On y retrouve à ce niveau un lien presque organique avec l’Homme et son animalité, ce qui n’est pas étonnant avec David Cronenberg derrière la caméra.
Car si le cinéaste a depuis la fin des années 90 délaissé le body horror pur et dur, il n’en reste pas moins passionné par la psychologie et le corps humain. A l’image, ici, des séquences où la violence est très graphique et viscérale, bien loin de la version souvent esthétisée et aseptisée qu’en délivre Hollywood. Dans « A History of Violence », les os craquent, l’hémoglobine coule, et les visages éclatent, montrant que derrière sa peau lisse, l’Homme est un animal de chair et surtout de sang. Ceci donne lieu à plusieurs scènes très efficaces, qui prennent aux tripes.
Au-delà de celles-ci, le film dispose d’une solide réalisation, en particulier pour ses scènes d’intérieur efficaces. Il s’appuie également sur des comédiens très en forme. Viggo Mortensen est le choix idéal pour incarner ce père de famille lambda à l’histoire tourmentée, prêt à se battre férocement pour paradoxalement protéger son existence paisible. Maria Bello apporte beaucoup de profondeur en épouse aimante mais qui a de la poigne. Tandis que William Hurt et Ed Harris semblent s’amuser en incarnant d’inquiétants gangsters théâtraux.
Réfléchi et percutant, « A History of Violence » est ainsi un film noir pondu par un David Cronenberg en forme.