En préambule, deux tueurs nonchalants semblent donner le ton d'un thriller bien dans l'air du temps -celui de Tarentino par exemple- mélange de férocité et d'indolence. Dans la foulée, David Cronenberg se pose dans une petite ville de l'Amérique profonde, dans un foyer américain commun, tellement ordinaire d'ailleurs que les Stall rappellent parfois la représentation mièvre de la famille américaine lambda vue par Spielberg (c'est l'unique reproche que je fais au film).
Dès lors, on attend la jonction entre les uns, les deux tueurs de sang froid, et les autres, citoyens modestes pour ne pas dire ternes, probablement éloignés des affaires criminelles...
Sur un tempo lent, chargé de mystère et d'incertitude, Cronenberg construit une intrigue ambigüe qui se fixe sur l'honorable chef de famille Tom Stall, insoupçonnable patron d'un faste-food en ville. C'est de la personnalité de ce dernier que naissent d'inattendus rebondissements.
A ce sujet solide, le réalisateur ajoute une dose efficace de suspense er d'étrangeté, et aussi des seconds rôles charismatiques (William Hurt, Ed Harris en gangsters), peut-être davantage, d'ailleurs, que le rôle principal confié à Viggo Mortensen. Les séquences violentes sont empruntes d'une singularité et d'effets de surprise qui fondent la valeur ajoutée de ce bon thriller.