J’ai trouvé A History of violence excellent.
Déjà parce que c’est très bien rythmé. Je ne supporte pas les films qui commencent lentement, ou qui n’annoncent pas dès le début la couleur du film ; bref, le genre de film qu’on regarde en se demandant où on va. A History of violence commence de manière très brute : impossible de s’ennuyer. Ça fait « tilt » chez le spectateur, et ça y est, le voilà accroché au train, il ne peut plus en sauter (sauf s’il a de menue courses à faire comme aller chercher du pain).
Après ça, David Cronenberg nous présente un peu Tom Stall, sa petite famille, la vie qu’il mène dans cette ville tranquille. C’est très bien, là nous plus on ne s’ennuie pas. D’une part parce qu’on a lu le synopsis avant et donc on sait qu’il va se passer quelque chose. D’autre part, même si on n’avait pas lu le synopsis, on sait, par la scène initiale, qu’il va se passer quelque chose. Donc on reste, on regarde, parce que c’est très bien fait.
SPOILER
Du début jusqu’à la fin, le film est très, très jubilatoire.
Déjà, Tom Stall éveille notre curiosité : alors que deux types entrent dans son bar, quand il s’aperçoit de la menace que les deux types constituent (car ils veulent le braquer), il a ce calme que je trouve assez impressionnant. Et puis, il s’avère très efficace pour les tuer tous les deux ; il le fait avec beaucoup de sang-froid, de maîtrise. Donc, voilà notre curiosité piquée, pas à vif, mais quand même un peu.
C’est là que le film joue avec nous. Au moment où on se pose quelques questions, voilà qu’un mafieux bien glauque se ramène et prend Tom Stall pour un tueur prénommé Joey Cusack, qui lui aurait par le passé arraché un œil avec un fil de fer. Ça donne vachement envie de faire partie de la pègre soit dit en passant mais bon, les traditions sont ce qu’elles sont. Et Tom, il nie tout en bloc, et il a raison ! Attends, sa vie de famille est déjà assez secouée comme ça avec l’agression dans le bar, il a pas besoin en plus qu’un mafieux le prenne pour quelqu’un d’autre ! Donc nous on le croit, pendant un long, long moment. Et on compatit, et on se demande comme ils vont se sortir de là. Parce qu’avec la pègre, ça rigole pas.
Mais voilà qu’à nouveau, Tom Stall doit se défendre. Et il le fait. Efficacité, sang-froid, absence totale de fioriture ou d’hésitation. Il tue.
J’ai dit que le film était jubilatoire. Pourquoi jubilatoire ? Parce qu’au fond, quand on apprend que Tom Stall est effectivement Joey Cusack, on est content. Enfin, moi, j’étais contente. Car c’est une porte qui s’ouvre sur le passé de Tom Stall : il n’est pas totalement ce qu’il prétend être, et comment dire… ? On a envie de découvrir qui est et comment se comporte ce Joey Cusack. On en a eu un un avant-goût, mais on en veut plus, on veut voir ce dont il est capable. Alors quand son frère l’appelle de Philadelphie pour qu’il rapplique, là aussi, c’est jubilatoire : voilà une occasion de plus de tester ce Joey Cusack.
Et il est, encore une fois, à la hauteur de nos attentes. Il ne s’agit pas d’une scène de combat à la Matrix (film que j’aime aussi énormément), très visuelle, très chorégraphiée, avec une bande-son stimulante. Je vais certainement me répéter, mais on retrouve une efficacité et un sang-froid qui fait remonter le tueur à la surface. Il n’y a plus de père ni d’époux quand Joey Cusack tue tous ces hommes, de manière si méthodique. D’ailleurs, le frère, Richie, a une phrase très juste envers un de ses hommes de main, agonisant par terre, qui était censé assassiner Joey Cusack, alors qu’il était désarmé et livré sur un plateau dans le bureau de Richie : « How could you fuck that up ? » Joey Cusack réussit à s’en sortir alors qu’il a 6 ou 7 hommes sur le dos, et ça, c’est jubilatoire.
Enfin, c’est juste que moi j’aime assez les films qui mettent en scène ce genre de personnage et ce genre de violence. Après, il faut que le personnage soit réussi, et il faut pouvoir supporter une violence aussi réaliste et dérangeante, différente par exemple de celle de Kill Bill I.
Et puis je salue le jeu d’acteur de Viggo Mortensen. Du début jusqu’à la fin, il joue extrêmement bien Tom Stall, le père et époux tentant de se débarrasser de Joey Cusack, son passé et alter ego, et laissant cependant éclater sa violence quand il doit sauver sa peau. C’est-à-dire tuer des hommes. Et quand il le fait, c’est de manière très efficace, très propre, sans fioriture. Quand il le fait, on voit un tueur, plus un père. C’est joué vraiment de manière très fine.
FIN SPOILER
Après, à froid, ce que j’aime dans ce film, c’est qu’il y a une histoire de mafieux, mais ce n’est pas du mafieux pour le mafieux en lui-même, comme Le Parrain ou les Affranchis le sont ; ce n’est en aucun cas une critique négative, j’adore ces deux derniers films.
Cette histoire questionne la violence. Je vous recommande d’ailleurs vivement d’aller sur ce lien une fois que vous aurez regardé le film : http://doctorbcinema.wordpress.com/2011/01/21/analyse-a-history-of-violence-de-d-cronenberg/
L’auteur de ce blog livre une analyse remarquable de la « contamination de la violence » dans ce film, mais aussi de son aspect psychologique, en se basant aussi sur certaines références. En bref, analyse très riche, et pas du tout ennuyeuse.
Par contre, la fin, une déception. J’ai lu sur Wikipédia que la scène finale, sans paroles, avait une « densité expressive et symbolique », qu’elle « clôturait le film — au moment même où la tension dramatique atteint son paroxysme et sa résolution — par un regard. », mais franchement, je ne l’ai pas perçue ainsi. Bien sûr, le moment est très dramatique, très tendu, mais de là à s’arrêter là-dessus, je ne m’y attendais pas du tout, j’ai été prise par surprise. Maintenant que j’y pense, je me demande comment ça aurait pu continuer, et là je ne trouve pas de réponse, donc en un sens, cette fin se justifie. Peut-être qu’en la regardant une nouvelle fois, je la verrai autrement.
En quelques mots, un film à regarder !