Film absolument inégal qui selon moi se développe en trois parties :
- La première est superbe. Spielberg propose un drame tragique, une histoire d'enfance, une leçon d'humanité par le biais de cet enfant-robot qui tente de devenir, en vain, un humain. Par une photographie léchée qui cadre au mieux les enjeux familiaux dans ce décor figé d'appartement futuriste aux allures rétros, ils multiplient les liens, les métaphores et renoue avec ses obsessions ; le cercle et la mère. Avec la trop rare Frances O'connor, il propose l'une des plus belles figures de mère jamais faites au cinéma. En multipliant les axes de lecture, cette première partie est un film d'anticipation déguisé en tragédie familiale, aux enjeux Oedipien, aussi dérangeante que belle, enrobée par un halo de lumière chaleureuse et faussement idyllique.
- La deuxième partie, en nous proposant le voyage de notre enfant robot, entame la dérive du film. Les trouvailles sont de plus en plus WTF, les personnages de plus en plus barrés. Si beaucoup de scènes sont réussies (comme le passage extra avec le Dr. Know) l'univers, barré se complexifie et se ridiculise quelque peu. Jude Law est très drôle. Lumières, effets spéciaux géniaux, couleurs.
A la fois beau et ridicule, rétro et très moderne, l'ensemble manque soudain de sérieux.
- La troisième partie est le ponpon. Là, le film a officiellement dérivé pour se métamorphoser en conte métaphysique à deux sous. Une statue de fée permet à notre enfant héros d'exaucer son vœu le plus cher, des aliens sans visage communiquent avec lui et lui expliquent la vie, alors que celui-ci est resté des centaines d'années gelé dans son vaisseau, la voix off semble nous raconter un conte pour enfants attardés. C'est tristement devenu ridicule, grotesque. Plus rien ne tient debout.
On en rit pour mieux se souvenir de la première partie et mieux oublier le fait que Kubrick aurait pu réaliser et écrire ce film.