On ne peut qu'aller dans le sens de Mocky lorsque celui-ci dénonce la bêtise de groupe et que, pour illustrer son propos, il choisit une meute de supporters de football médiocres et agressifs, solidaires dans la vulgarité et l'hystérie. Ç'en est même réjouissant.
Mais comme souvent, Mocky discrédite son sujet par la désinvolture de sa mise en scène et l'excès de caricature -on s'en aperçoit tout de suite à la façon bien peu rigoureuse avec laquelle le réalisateur filme un match de foot!
Toute la nuit, des supporters vindicatifs pourchassent l'arbitre d'un match que les "jaunes" ont perdu. Dans les rues de la ville, la haine et la détermination du groupe emmené par le sinistre Rico (M.Serrault) confèrent à la traque une dimension quasi surréaliste qui, en soi, constitue une approche originale, mais que Mocky ne maitrise pas très bien. C'est surtout le comportement de l'arbitre, accompagné dans sa fuite par sa fiancée qui laisse à désirer. Peu ou pas dirigés, Eddy Mitchell et Carole Laure passent leur temps, dans les rares moments de répit que leur laissent leurs poursuivants...à se bécoter! Nulle panique ne semble les étreindre alors même que l'action et l'utilisation des décors urbains sur un mode expressionniste -une autre idée intéressante de la mise en scène- devraient logiquement impliquer un sentiment continu de peur.
On en veut à Mocky tout au long de sa démonstration de gâcher un sujet aussi fort et si plein de bonnes intentions.
Claude Brosset, en supporter en colère, et, surtout, Michel Serrault, le beauf intégral, aigre et lâche, semblent les seuls à entrer véritablement dans l'esprit du film. On perçoit dans les regards de Serrault toute la conviction et la méchanceté que nécessite le rôle.