A mort l’arbitre est l’adaptation d’un roman de Alfred Draper : Death penalty.
Il raconte l’histoire d’un arbitre traqué par un groupe de supporters d’une équipe de football, après que celui-ci ait sifflé un penalty entrainant leur élimination en coupe d’Europe.
Je suis amateur de Football et j’ai de prime abord été consterné par cette vision de ce sport et de ses fans. On ne peut nier l’existence de supporters au comportement idiot, mais les réduire tous à cela, en évitant d’évoquer le contexte socio-économique, c’est faire preuve de simplisme et sombrer dans la caricature.
Ici on a affaire à une équipe adulée par une horde d’individus vulgaires, alcooliques, violents, incultes et sexuellement frustrés. A eux s’oppose l’arbitre et sa compagne journaliste : élégants, cultivés, possédant une vraie capacité d’analyse et qui « baisent » avec classe, comme des pros.
Si on arrête à ça, cette vision dissymétrique des classes sociales est à gerber. En outre, on à un Michel Serrault qui baigne allégrement dans le cabotinage, une réalisation sans surprise et l’utilisation de la post synchronisation qui fait très "série B". Bref, je n’étais pas loin de mettre un carton rouge à A mort l’arbitre !
Et puis, ce film a pris une tournure plus sombre en frisant l’horreur. On s’éloigne peu à peu du Football pour se concentrer sur la face sombre de l’Être humain : stupide, lâche, égoïste. Voilà le vrai sujet de ce film.
Au vu de sa filmographie, Jean-Pierre Mocky est un réalisateur perspicace et humaniste, ayant pour habitude de dénoncer les dérives des sociétés contemporaines. Il fait ici cependant preuve d’un bel accès de misanthropie : prolétaires, bourgeois, institutions, il met des tacles partout.
Moi qui jugeais jusqu’alors la prestation de Serrault grotesque, j’ai été surpris par la tournure de son jeu d’acteur devenant plus sobre, plus juste, son personnage finit par devenir assez effrayant.
A mort l’arbitre ! de Jean-Pierre Mocky me fait penser à Viridiana de Buñuel, les 2 films ont une approche critique assez acerbe du genre humain et de la fascination religieuse : l’une catholique et l’autre pour le Football.
Je vous invite donc à joindre cette foule de fous furieux afin de poursuivre Eddy Mitchell accompagné de la belle Carole Laure pendant 1h22, c’est moins long qu’un match de Football !