A l'instar de Jane Campion et de Clint Eastwood, il y a tout de même de quoi se poser des questions quant à la manière qu'à la presse de noter chaque film des frères Coen. Car n'en déplaise aux fans les plus invétérés (dont j'ai fait partie à une époque), les frangins sont manifestement en perte de vitesse depuis désormais des années. Mais où sont passés les auteurs de "The Big Lebowski" ou de "Miller's Crossing", qui savaient pendant deux heures durant nous éblouir par leur sens du dialogue et des situations? Car nul doute que l'on s'ennuie quelque peu devant ce "Serious Man", loin d'exploiter suffisamment son idée de départ pourtant jubilatoire et qui aurait sans nul doute marqué à une époque un sommet de l'oeuvre "Coenienne". Néanmoins, il faut reconnaître que même dans leurs oeuvres les plus mineures, les deux réalisateurs réussissent à garder une personnalité indiscutable et reconnaissable dès le premier coup d'oeil, ce qui n'est évidemment pas pour nous déplaire. De plus, alors que l'un des grands défauts des films d'aujourd'hui est de commencer fort avant de s'enliser dans leur dernière partie, c'est bien le contraire qui arrive ici, la seconde heure s'avérant il est vrai assez savoureuse, que ce soit par une interprétation une nouvelle fois remarquable qu'une noirceur de ton assez réjouissante. Reste qu'on est tout de même en droit d'attendre plus des frères Coen que des films, avouons-le, plutôt bons, mais qui n'en demeurent pas moins infiniment inférieurs à ce que leur brillant début de carrière promettait.