Un premier quart d'heure presque calamiteux laisse envisager le pire : Tom Ford, célèbre couturier réalisant ici son premier film, ne semble pas comprendre ce qu'est le cinéma et nous affuble d'effets plus tocs les uns que les autres, le "style" semblant alors être le seul mot d'ordre du monsieur à ce moment-là. Heureusement ces quelques lourdeurs ne tardent pas à disparaitre et le film à commencer réellement pour s'imposer comme l'une des plus belles oeuvres de ce début d'année. Elégant dans sa forme et très profond dans son discours, « A Single Man » finit par retranscrire remarquablement ce que peut être la solitude d'un homme, aussi bien par ses dialogues souvent très justes et remarquablement écrits que par les personnages entourant le professeur, interprété par un Colin Firth très inspiré. Mais il y a avant tout dans ce film une qualité que le cinéma semble avoir bien trop souvent aujourd'hui : la poésie. Que ce soit en effet par sa manière de filmer les corps ou encore de présenter des héros quelque peu écorchés par la vie, Tom Ford en impose brillamment et nous laisse en définitive pleinement confiant pour l'avenir, preuve que le grand cinéma « d'auteur » n'est pas encore mort. Beau, tout simplement.