A Touch of Zen de King Hu, classique ultime du genre Wu Xia, fait partie de ces films qui ne laissent pas indifférent.
D'une part, sa photographie est magnifique, la nature est filmée sous tous les angles, à travers des branches, en plein soleil, en pleine nuit, au bord de l'eau, en montagne... Tout y est, on peut penser que Miyazaki lui a même piqué des plans pour Princesse Mononoké. Bref, c'est un régal pour les yeux.
D'autre part, les deux acteurs principaux sont charismatiques. Mademoiselle Yang crève littéralement l'écran et brûle la pellicule de sa beauté.
Le scénario est également surprenant, sans être génial. En effet, on peut dire qu'il y a deux personnages principaux. Ce peintre naïf qui s'embarque dans ce complot et cette histoire de vengeance est une idée basique mais intéressante. On suit un homme qui vit seul avec sa mère durant une première partie que j'ai trouvé très touchante, et comique à ma grande surprise. Car oui, on sourit souvent durant cette première heure, de ces chamailleries entre la mère qui cherche désespérément à caser son fils et lui faire passer un examen.
L'écriture du film est clairement divisée en 3 actes. Le premier installe tout un cadre, ses personnages de manière claire, et on s'attache à tout le monde. On a même presque du mal à se dire qu'on regarde du Wu Xia. La seconde est le cœur du film, à savoir le plan du peintre qui se révèle un excellent stratège, et l'affrontement face aux "méchants" qui veulent la peau de Mademoiselle Yang et ses deux généraux rebelles. Le 3e est un peu trop long, comme un épilogue de 45min, mais il donne tout son sens et sa profondeur mystique au film finalement, la fameuse touche de zen qu'on pouvait pressentir dans un flash back plus tôt...
La partie un peu mystique finale peut un peu dérouter, je ne pensais pas que le film partirait dans cette voie. Mais soit, la fin est inattendue, brutale, et d'une poésie extrême.
Venons enfin à ce qui est le coeur de tout Wu Xia qui se respecte : le combat de sabre. Alors qu'en est-il ?
Eh bien, que dire, c'est sublime. On sent qu'on est au début de tout ce qui a donné ce qu'on connait aujourd'hui avec Hero, Tigre et Dragon, Le Secret des poignards volants etc... Les personnages sont aériens, sans voler non plus comme dans Hero. Ils bondissent parfois, s'aident des arbres. La séquence de combat dans la brume au milieu des bambous est d'une beauté rare où l'humidité traverse l'écran. L'action est superbement chorégraphiée, les combats sont intenses, pas trop nombreux, et jamais le bruit du métal n'a été aussi bon. Oui, ce film est très sensoriel. La bande son accompagne parfaitement l'image sans être inoubliable non plus.
En clair, les seul défauts qu'on pourrait trouver serait comme je l'ai dit plus haut, dans le rythme du film qui traîne un peu sur le 3e acte, 3h de métrage ça s'avale et peut intimider. On peut aussi trouver que cela manque un peu d'émotions sur la fin où l'action et la part mystique l'emportent sur les personnages en eux-mêmes. Mais à part ça, si vous aimez le cinéma asiatique et le Wu Xia, foncez. Et même pour un non initié, c'est un classique du genre qu'il faut avoir vu dans sa vie je pense, tant cela a inspiré d'autres cinéastes, pas que d'autres asiatiques d'ailleurs.
Pour conclure, A Touch of Zen est une œuvre majeure qui a très bien vieilli, et dont le titre anglais est, admettons-le, très classe, comme tout ce film en fait.