Winter, mais surtout Bottom
Je me suis fait violence pour aller voir ce nouveau film, de la part du coupable de The killer inside me et de l'inégal Road to Guantanamo. Et bien encore une fois je suis déçu. Le sujet avait pourtant de quoi intéresser, ce genre de personnage excentrique, milliardaire, volage est presque un appel au biopic et des réalisateurs s'en sont très bien sortis. Milos Forman en tête, avec Larry Flint, aussi sur le milieu du porno, (oups Paul Raymond ne fait pas de porno) ou encore Boogie Night de Paul Thomas Anderson.
En refusant un structure linéaire, qui aurait parfaitement convenu ici, Winterbottom complique artificiellement sa trame narrative à grand renfort de flashback, flashforward, passages du noir et blanc à la couleur et j'en passe et des meilleures. Le tout pour quoi? pour combler un évident manque scénaristique. Force est de constater que la vie de Paul Raymond semble intéressante de prime abord, mais tourne très vite en rond. Scènes de cabaret succèdent à des scènes de fêtes qui succèdent à des orgies etc. Au bout de la troisième scène de partie à 3 on se dit qu'on a compris que le monsieur était de moeurs légères. Mais non ce n'est jamais assez pour le réalisateur qui insiste lourdement sur tous les thèmes qu'il aborde.
Alors évidemment, il y a le flegme tout britannique de Steve Coogan qui est la pour tenir la barre. Evidemment, le film contient plusieurs passages très drôle, et malgré mon ennui profond sur la dernière demi heure je n'ai pas trouvé le film désagréable à regarder. Ce qui m'a dérangé, c'est la facilité déconcertante de ce type de production, qui mise tout sur la reconstitution clinquante de la Swinging London. L'attrait du vintage, des meubles design et des jolis costumes peuvent ils à eux seul justifier la vision d'un film? Parce que clairement, le sujet est inexistant. Paul Raymond reste un mystère à la fin du film, ses relations avec les femmes (sa fille, son ex-femme, sa petite amie, ses conquêtes) ne sont pas poussées. Chaque scène est un tableau à la gloire de l'hédonisme immature de Raymond. Alors oui l'intrigue prend un tournant dramatique, oui le personnage de Paul Raymond finit par sembler fissuré, entre la drogue, sa crise d'identité, son égo surdimensionné et son incapacité à s'engager, mais il me semble que le réalisateur ne croyait pas vraiment à cet aspect du milliardaire, qu'il aurait pu être intéressant d'approfondir.
L'emballage du film est joli, avec un générique d'introduction tout à fait dans l'esprit de l'époque, de meme les montages avec les couvertures de magazines sont intéressants et les typographies du générique final bien trouvées. Cependant le tout reste trop artificiel et peu sincère. On retiendra quand même la prestation de Steve Coogan qui porte le film sur ses épaules. D'ailleurs c'était aussi le cas pour The killer inside me qui n'avait d'intérêt pour moi que par la prestation de Casey Affleck.
Allez, c'est bien de diriger ses acteurs mais il va falloir un peu plus pour faire un vrai bon film Monsieur Michael W.