Avec un film aussi prometteur que La Nuée, dans le genre fantastique, que le jeune cinéma français semble enfin aborder sans préventions ni complexes, le nouveau long-métrage de Just Philippot semblait pétri sur le papier d'une ambition réelle. Il faut hélas déchanter un peu. Certes, le cinéaste confirme qu'il sait créer de l'intensité et du suspense, avec des scènes d'action tout en maîtrise, mais l'écriture de Acide souffre d'un manque de densité et de profondeur, qui le relègue à un "simple" récit de survie, sans chercher plus avant des résonances sociales et surtout écologiques. Le film s'attache presque exclusivement à ses deux personnages principaux, perdus dans le chaos, sans d'ailleurs parvenir à susciter une véritable empathie à leur égard, vu leur esprit farouchement individualiste. Acide, jusqu'à sa conclusion insatisfaisante, semble développer un esprit misanthrope qui fait quelque peu froid dans le dos (c'était un peu pareil dans La Nuée, en définitive), puisqu'après tout les humains ont bien cherché, par leur comportement, toutes les avanies qui leur tombent sur le râble. Mourons sous la pluie, nous l'avons mérité, non ? Quoi qu'il en soit, pour peu qu'il bénéficie de scénarios moins "à l'os" et davantage peaufinés, Just Philippot restera un cinéaste dont la trajectoire pourrait bien réserver quelques (bonnes) surprises.