After my death, premier film du coréen Kim Ui-Seok est hanté par le suicide, et par ce biais, accomplit une critique acerbe de la société coréenne.
Le suicide est la première cause de décès chez les 10-29 ans avec plus d'un jeune dans la vingtaine sur deux qui meurt de cette façon : 37,5% chez les 10-19, 51% chez les 20-29.
Le premier plan, en langue des signes, introduit le mystère. La qualité du filmage, intelligent, mobile, fluide, précis, est complétée par un montage qui passe toujours d'une atmosphère à une autre, radicalement différente.
Les relations entre les personnages montrent la radiographie d'une société malade, prisonnière de ses rituels, de la rigidité de ses lois, de la soumission au supérieur hiérarchique et elles sont parfois submergées par une violence physique inouie qui surgit, brutale et soudaine. La femme y est particulièrement malmenée ou chosifiée ; les attitudes des hommes seront toujours plus dures avec elles. C'est un portrait de groupe et à la fois intimiste, un huis-clos principalement situé dans un gynécée-lycée (où tous les enseignants sont des hommes), ou entre les murs d'un hôpital. Le jeu de regards des protagonistes est fascinant. Le lesbianisme actionne Eros et Thanatos, comme une fatalité. L'ambiance du film est dans son ensemble étonnamment calme, mais il sourd parfois un aspect fantastique inquiétant (émanant parfois des rêves), une réalité montrée de façon crue, et certaines scènes sont proprement hallucinantes. La musique sombre est parcimonieusement utilisée, toujours à bon escient. Les comédiennes sont remarquables.Des flashbacks s'intègrent impeccablement dans le déroulement du film. La fin reprendra la première scène en langues de signes, mais cette fois, elle sera traduite. Un très beau coup de maître.