Duel d'acteurs entre Armie Hammer et Geoffrey Rush : Geoffrey Rush winner. Sans rancune pour le très bon acteur qu'est (encore) Hammer dans ce rôle de modèle piégé par son envie d'avoir son portrait peint par Alberto Giacometti, mais comment rivaliser une seconde avec le jeu d'un naturel déconcertant de Rush, alternant le français (délicieusement accentué aux sons britanniques) et l'anglais plus académique, enchaînant les crises de nerf plus réelles que l'on pourrait l'espérer, jouant enfin l'exaspération de la fin de vie de cet artiste qui ne se complaît que dans l'insatisfaction (un paradoxe dans lequel on pourrait se reconnaître, pour peu que l'on soit aussi mordu par le syndrome du perfectionnisme...). On s'attendait certainement à plus fougueux dans la séquestration du jeune homme, plus hollywoodien, pourrait-on dire (ô sacrilège pour un film si intelligent), mais le constat est là : le rythme correspond au filtre d'image utilisé : terne. On a le temps de s'ennuyer un peu, en à peine 1h30 de film tout mouillé, et ce malgré les excellents acteurs et les rôles secondaires non moins intéressants (Sylvie Testud en femme bafouée et Clémence Poésy en amante achetée à un maquereau par la fortune du couple Giacometti, ce qui est loin de plaire à Madame Giacometti...). On s'attache parfaitement à ce couple si particulier, aux amours volages du peintre, à ses accès de folie, à sa façon de voir l'art, la vie et la mort, et à sa dernière œuvre si difficile à terminer. Sans être le coup de cœur attendu, Alberto Giacometti : The Final Portrait convainc par l'honnêteté de son interprétation, magistrale.