Un coup de gueule à l'égard d'un film qui n'est pourtant ni honteux ni mauvais mais qui m'a mis en colère. Pourquoi ? Parce dans la production, personne n'a eu le courage de botter le train à ces deux très bons comédiens que sont Fabrice Luchini et Lambert Wilson pour qu'ils se confrontent vraiment au texte et aux personnages de Molière. Pourtant le contexte était là. Deux comédiens bardés d'expérience mais un peu revenus de tout s'interrogent sur le sens de leur vie et de leur art. Faute d'exprimer en mot leur malaise, ils posent des actes. Luchini se retire du monde dans un maison délabrée qui le dépasse et Wilson se lance dans la production sensée exhausser de son grand rêve professionnel.
Et comme cristallisation un des texte de Molière les plus complexe qui soient. Avec le Misanthrope plus possible de se cacher derrière un cabotinage de surface comme les Fourberies et L'avare le tolèrent. Il faut aller au fond des personnages des situations pour en dire quelque chose. Quel magnifique projet.
ET QUELLE DÉCEPTION !
Certes les protagonistes jouent quelques extraits (toujours les mêmes d'ailleurs) mais le propos de la pièce n'a aucune résonance avec la situation, c'est un prétexte et n'importe quel autre texte aurait au final fait l'affaire.
As t-on une idée de l'enjeu du Misanthrope ? Non.
As t-on un éclairage sur le sens de la vie à travers les personnages ? Non.
Qu'a-t-on à la place ? Des digressions à base d'histoire de fesses et pourtant même là il y avait à dire ? Quand Lambert et Luchini invite la jeune actrice porno à lire un extrait se confrontent-ils à la question du désir incarné par le personnage de Célimène ? Désir qui est leur enjeux à tous les deux (puisque l'un et l'autre veulent jouer Alceste). Non
Idem quand Wilson couche avec la femme que convoite Luchini. On ne va pas plus loin dans la confrontation avec la situation du texte.
Mais que vient faire Molière dans cette galère ???
Une fois de plus les actes plus que les mots parlent mais là encore le propos n'est qu'effleurer comme si malgré tous le monde le texte de Molière parvenait à s'exprimer. Marque ultime d'un chef d'oeuvre.
Un festival d'occasions manqués. Comment tant de richesse potentielle a pu être ainsi négligé. Bon sang ça fait vraiment chier.
Bon j'arrête car je crois que je suis vraiment en colère.