Savez pas ?

Savez pas ?

J'crois qu'c'est la seule fois où j'ai vu Michael jouer les Roger, mi Simon Templar mi le salopard de La Dernière fois que j'ai vu Paris. Faut dire que les deux sont potes, se r'semblent beaucoup. Tiens, tu les mets devant un public, avec un Sean Connery tout perdu, y t'animes une salle avec leurs blagues bien à eux.

Pourquoi à la Roger, à la Simon ? C't'évident, quelle question ! Bien qu'il ait la voix français de Dany Wilde, y s'la joue Brett Sinclair roturier mais toujours aussi dragueur, le tout en cassant le 4e mur façon le Saint, la régularité en plus. T'nez, c'est bien simple: les Deadpool, les Ferris Bueller, les Fleabag, bah y peuvent aller s'rhabiller et, comme dirait le Pr Rollin, nous expliquer pourquoi, dans un premier temps, y s'étaient déshabillés. Surtout Fleabag ... dans le genre cruche qu'a voulu s'la jouer Alfie du pauvre, tout en surface et en provocation woke à deux sous, quand l'original, lui, il est en nuances, en profondeur, en ironie et pas en idéologie. Bref. Pas en premier degré à la con.

Savez pas ? Question 4e mur, j'me demande si Alfie, c'est pas un des meilleurs, à défaut d'être le pionnier. Bref ...

Savez pas ?

J'pense que ce film est excellent en vo et en vf. Et comme j'suis assez chauvin moi-même - dites d'extrême droite, c'est la mode de dire ça, j'veux dire, dans l'air du temps - bah, j'adore la vf. Oui. J'adore.

En fait, c'est assez con, mais j'me demande si c'est pas la voix gouailleuse de Michel Roux, mi-amusée mi-canaille mi-aigre-douce mi-désespérée, type crooner qu'aurait assez d'moyens pour mettre quatre demi dans un tout, qui fait pas tout l'charme du métrage. Faut dire entre nous que le rôle d'Alfie, il semble plus taillé pour un gars comme lui que pour un Michael Caine ou un autre encore. C'est simple, là comme ça, Michel Roux, c'est le gars qui te prouve rien qu'en ouvrant la bouche que, oui, la vf, c'est pas un doublon pour francophone nunuche pas foutu d'aligner deux how how en rosebeef, qu'ça a une réelle plus-value.

Savez pas ? Les exclusifs, ceux qui font des équipes, des étiquettes, pour pas la jouer complémentaires, j'crois que j'les emmerde. Bref ...

Savez pas ?

J'crois qu'Alfie, il enverrait facilement Dom Juan au tapis. Pas aux oubliettes, hein ? Faut pas non plus s'la jouer grand matamore, non. Mais au tapis.

C'est que ce récit touche, retourne les tripes autant qu'il fait grincer le rictus du reptilien: ça parle séduction, ça parle réussite factice et réelle, ça parle famille, ça parle amours, ça parle IVG d'une manière à faire pleurer mémères Panot & Ringer parce que la loi pure dans la constitution en prend un choc si fort que le cruel involontaire Alfie lui-même en est plus r'tourné qu'elles au point d'vouloir coller sa fessée à la Simone, qui, sans doute, aurait été plus nuancée à la vue de ce film. Ça frappe fort et ça fait mal. Ça commence comme un vaudeville signé Dupieux en rejetant le générique sous ombre de pas nous faire chier et ça s'achève comme une tragédie de Racine dans un décor inspiré du My Way de Paul Anka mais dans un constat bien sombre.

Savez pas ? Ce film. Bah, j'crois qu'il fait vraiment réfléchir. Il émeut, hein, mais il fait r'fléchir.

Savez pas ?

J'crois que ce film est un des meilleurs de Gilbert.

Alors, bien sûr, fan de Bond oblige, je lui préfèrerais toujours, subjectivement, bêtement, tant ces divertissements ne lui arrivent pas objectivement à la cheville, L'Espion qui m'aimait, Moonraker ou On ne vit que deux fois. Mais, Alfie, c'est un p'tain d'bon film ! En fait, c'est p'têtre le On ne vit qu'une fois qui précède On ne vit que deux fois d'un peine un an, sorti l'année de Star Trek et Mission: Impossible. Un sacré morceau né une sacrée année et fort heureusement non avorté.

Savez pas ?

Le mieux. Au lieu de lire ces lignes débiles, d'un critique débile, comme toutes les critiques débiles qu'on peut lire çà et là ... Bah allez le voir, Alfie, ça vous f'ra deux heures de détente et de réflexion sur la vie: z'en r'sortirez grandi et tout puzzlé sur le monde et la vie.

Savez pas ?

Non, personne ne sait jamais.