Jacques Becker, j'aime beaucoup. Pourtant, je n'avais jamais vu « Ali Baba et les Quarante Voleurs », film le plus diffusé de l'histoire de la télévision française (oui, oui!). Il faut dire que sa mauvaise réputation n'aidait pas trop, même si j'avais fini par penser qu'au vu du sujet et d'un tel réalisateur derrière la caméra, cela ne pouvait pas être si mal, profitant donc d'une énième diffusion pour me faire un avis. Malheureusement, j'ai dû très vite me rendre à l'évidence : ce n'est pas bon du tout. Il faut dire que ce conte, ingénieux sans être génial, est chouette lorsqu'il est lu sur quelques pages : là, il faut quand même tenir 90 minutes, et évidemment, cela devient beaucoup plus problématique.
Si l'on retrouve à peu près la trame originale, beaucoup de balourdises et peu de consistance dans cet Orient presque de pacotille, où seuls les intérieurs font un minimum illusion. Visuellement, cela a mal vieilli, notamment les couleurs, seule la caverne continuant de faire illusion. Enfin, coté casting, si Fernandel correspond plutôt bien physiquement, son jeu n'apparaît pas du tout adapté à cette fantaisie, tout le monde ou presque s'exprimant d'ailleurs avec un étonnant accent marseillais.
Alors de temps en temps, cela s'accélère un peu, notamment à mi-parcours, mais globalement, tout en restant dans une logique assez phallocrate, on sent que Becker et ses scénaristes n'ont vraiment pas grand-chose à exprimer, même l'idée de s'éloigner de la partie consacrée
aux jarres
s'avérant sans succès, comme ce dénouement
assez gnangnan, dans une logique très « l'argent ne fait pas le bonheur ».
Au final, ni une réécriture pertinente du conte, ni une bonne comédie et certainement le plus mauvais film (et paradoxalement (ou pas!) son plus grand succès commercial!) de son auteur, qui se rattrapera fort bien avec les trois titres qui suivront, dont son magistral chant du cygne : « Le Trou ». Quitte à (re)voir un titre multi-diffusé, autant se refaire une quinzième fois les classiques du « Splendid », « La Grande Vadrouille » ou « La Folie des grandeurs ».