On sent le charme de ce film dès qu'on jette un coup d'oeil sur l'affiche. On y voit Mia Farrow (qui n'est plus une midinette) le visage lumineux, un peu pensive. Elle nous fait face, mais elle regarde de côté. Elle porte un chapeau d'une grande élégance, rouge avec un large ruban noir. Elle se tient dans le noir et seul son visage est éclairé, faisant ressortir ses beaux yeux bleus. La touche suprême est fournie par ses boucles d'oreilles qui luisent à la manière de ce que l'on peut voir sur le tableau de Vermeer « La jeune fille à la perle ».
Le film nous présente un couple de la haute bourgeoisie new-yorkaise. Lui (William Hurt) est très occupé par son travail et elle (Mia Farrow) passe son temps à tenter de rester jeune et à courir les boutiques de luxe. Une domestique s'occupe des tâches ménagères.
Un jour, Alice doit récupérer ses enfants à l'école. A l'occasion, elle remarque un homme venu chercher sa fille. Il s'agit de Joe (Joe Mantegna). Elle tombe immédiatement sous son charme, mais ne sait pas quoi faire. Par contre, depuis quelque temps, elle éprouve de vives douleurs dans le dos. Son entourage lui conseille d'aller voir le docteur Yang...
Quand Alice revoit Joe, elle est métamorphosée. Elle se montre entreprenante, charmeuse, etc. Mais, une fois passés les effets de la poudre du docteur Yang, elle s'affole. Qu'a-t-elle fait ? Comment peut-elle assumer tout cela ? Elle se voit déjà tromper son mari, elle qui n'a jamais regardé un autre homme en presque seize ans de mariage...
On est donc bien dans un film de Woody Allen, car même si Woody n'apparaît pas à l'écran, il nous présente des new-yorkais bavards, qui passent leur temps à s'interroger sur leur vie amoureuse. Détail étonnant car très inhabituel, ses protagonistes sont chrétiens (pratiquants ???) et pas juifs. Cela donne lieu à quelques dialogues hilarants. Ceci dit, ce n'est pas le film le plus drôle de Woody Allen. Par contre, c'est l'un des plus sensibles et des plus brillants.
C'est vrai qu'il y a beaucoup de dialogues, mais il est vraiment préférable de le voir en v.o. plutôt qu'en v.f. car les voix participent au charme. Le timbre de celle de Joe Mantegna est inimitable.
La bande-son fait une large place au jazz, style musical favori de Woody Allen. Une comédie sentimentale (1h42 – 1990) où il est question de choses graves, vues sous un angle charmant. On est en quelque sorte à mi-chemin entre le Woody Allen version comédie façon "Annie Hall" et le Woody Allen lorgnant du côté d'Ingmar Bergman avec "Intérieurs". C'est sans doute le juste milieu où il donne son meilleur. A la fois agréable et très juste. Beaucoup de bavardages mais aussi beaucoup de fantaisie.
Woody Allen se montre particulièrement inspiré et il ne recule devant aucune audace. Ce qu'il ose est du même niveau que dans "La rose pourpre du Caire" où les spectateurs d'un cinéma venaient sur l'écran s'intégrer au film qu'ils regardaient. Encore une fois, talent et imagination permettent à Woody Allen d'obtenir un résultat magique.
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