« Alice » est le premier long-métrage de l'artiste tchèque Jan Svankmajer. Il avait, dès les années 60, réalisé une ribambelle de courts-métrages d'animation tous plus étranges les uns que les autres, parmi lesquels « La fabrique des petits cercueils » (1966), « La chute de la maison Usher » (1981) ou « Le jardin » (1968). Avec « Alice », il adapte librement le célèbre roman de Lewis Carroll, « Alice au pays des merveilles », en mélangeant images filmiques et images d'animation.
Dans sa chambre, la jeune Alice semble s'ennuyer. Soudain, un lapin blanc empaillé se trouvant dans une boîte en verre prend vie et s'enfuit de la pièce. Alice tente de le rattraper mais ce dernier se réfugie dans le tiroir d'un banc scolaire situé au beau milieu d'un champ environnant ! A son tour, la jeune enfant entre la tête la première dans le banc et se retrouve dans un genre de souterrain peuplé de créatures bizarres...
La particularité de ce film est d'être interprété par une seule et unique actrice, la jeune et très convaincante Kristýna Kohoutová. Toutes les créatures que son personnage rencontre sont des objets animés image par image. Et toutes ont un aspect particulièrement impressionnant, et même carrément effrayant pour beaucoup de spectateurs (rien que les yeux globuleux et les dents acérées du lapin blanc, à ce titre, peuvent provoquer des cauchemars !). Pourtant, il ne s'agit nullement d'un film d'horreur, mais plutôt d'une vision très atypique de l'enfance. Svankmajer, avec une mise en forme clairement surréaliste, livre au final une fable inoubliable sur la perte d'innocence, dans laquelle le sentiment d'inquiétude provient de quelque chose de familier. Une des meilleures adaptations jamais réalisées de l'œuvre de Lewis Carroll.
(cette chronique est parue dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" du mois de février 2012)
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