Alice, douce Alice, voilà un de ces films considérés comme une perle oubliée du genre du slasher.


Si je n'avais eu l'occasion de ne voir que la première demi-heure, je me serais montré pleinement d'accord avec cette affirmation. Cette partie du film est remarquable. Outre l'aspect inévitablement marquant, par son côté sacrilège complet, du meurtre d'une petite fille dans une église, elle montre avec justesse la brutalité des moindres rapports sociaux auxquels on peut faire face au quotidien.


De plus, le personnage de la protagoniste, âgée de 12 ans, incarné à la perfection par Paula Sheppard (19 ans à l'époque, oh la vache, je croyais réellement qu'elle avait 12 piges !), avec son ciré jaune et son masque d'un rosé grisâtre froid, est fascinant. On s'attend à un portrait d'enfant diabolique particulièrement mémorable.


Pour l'ensemble du film, en ce qui concerne les qualités, je tiens d'abord à souligner des acteurs impeccables, dont une toute jeune Brooke Shields, dans son tout premier rôle au cinéma. En dehors de Sheppard, mention spéciale à Alphonso DeNoble, malaisant à souhait en obèse et diaphane proprio aux tendances pédophiles.


Ensuite, le réalisateur Alfred Sole avait voulu diriger des séquences de meurtre ou de tentatives de meurtre douloureuses pour le spectateur, par leur réalisme. L'objectif est pleinement atteint. La manière que l'assassin a d'infliger des coups sur ses victimes nous fait bien ressentir désagréablement les os et la chair composant notre enveloppe corporelle.


Maintenant les défauts...


Le personnage principal de la jeune fille est tellement fascinant, bien incarné et bien croqué, que non seulement on regrette qu'il soit éclipsé un peu trop longuement par la suite, enfermé qu'il est dans un établissement psychiatrique, mais qu'en plus ce ne soit pas lui le véritable tueur. Ce qui n'est en rien arrangé par le fait que la silhouette masquée qui commet le crime dans l'église, au début, est celle d'une jeune fille et non pas celle d'un adulte. On l'aurait suivi avec plaisir, ou avec terreur plutôt (le terme paraît nettement plus approprié !), tout au long du film. Seule la scène finale, redoutablement ambiguë, console un peu de cette déception.


On peut aussi ajouter comme autres défauts, des gros problèmes de rythme dans la dernière heure qui font que l'attention du spectateur (regrettant déjà ce qui est évoqué en spoiler, donc moins intéressé par ce qu'il voit !) n'est pas toujours au maximum, ainsi qu'un discours de fond trop confus sur la religion pour que la dénonciation soit percutante.


En résumé, Alice, douce Alice est un slasher qui avait suffisamment de belles cartes sanglantes et choquantes en main pour être un joyau du genre, mais qui s'égare beaucoup trop pour ne pas laisser sur autre chose qu'un sentiment mitigé.

Plume231
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le 31 oct. 2020

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Plume231

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