De Nicolas Pariser, j'avais (relativement) apprécié « Le Grand Jeu » et avais donc bon espoir de voir « Alice et le Maire » me sortir, ne serait-ce qu'un peu, de ma torpeur concernant cette année 2019 désolante. C'est manqué, du moins en partie. Car tout n'est vraiment pas à jeter. Cette plongée dans les arcanes de la politique, se focalisant uniquement sur l'action dans les bureaux, la communication, offre un regard original sur la politique, ni positif ni négatif, simplement réaliste, notamment dans la dimension très « administrative », voire barbante que peut-être celle-ci, en particulier lorsque l'on est aux affaires. Le choix de Fabrice Luchini en maire socialiste intègre (tout un programme) est également intéressant, même si le comédien ne peut s'empêcher d'en faire un peu trop, comme souvent ces derniers temps, Anaïs Demoustier livrant également une jolie performance dans un rôle qui lui va bien. Pas inintéressant, donc, également dans son approche « philosophique » du sujet ou ce qu'il dit sur la gauche contemporaine, dont certains pourraient aisément s'inspirer.
Mais bon... C'est bavard. Très intello. Légèrement ennuyeux. Pariser a beaucoup misé sur l'intelligence du spectateur, ce qu'on peut difficilement lui reprocher, mais c'est souvent au détriment du plaisir, ce qui est beaucoup plus problématique. J'ai suivi cela un peu inerte, séduit par la pertinence du propos tout en ayant du mal à m'immerger dans cet univers froid, où la neutralité de quasiment tous les protagonistes offre une vraie crédibilité d'ensemble, au détriment d'un réel attachement pour eux, Alice, peut-être, exceptée. Bref, une démarche constructive mise à mal par un traitement peu sexy et des dialogues tellement écrits qu'ils en étouffent quasiment toute émotion : cinéma français...