Alien IV est un film étrange, à l'image de son héroïne, résultat d'un processus d'hybridation entre la Elen Ripley originale et la reine Alien. De là à parler d'un film méta, il n'y qu'un pas à franchir...
En fait, on n'a pas l'impression de voir une vision d'Alien, ni deux... Mais bien trois cohabitant ensembles. Celle des producteurs qui entendent bien capitaliser sur l'héritage d'une saga d'avantage tournée vers le désespoir lié à la mort, les peurs primaires et les questionnements sur l'espèce humaine, son passé, présent et avenir. (En cela, difficile de ne pas voir un parallèle avec l'équipe de savants déglingués qui, malgré leurs calculs minutieux, se font engloutir par leur création).
Mais Alien - La Résurrection, c'est aussi et surtout la friction entre deux artistes, à la forte personnalité et ayant chacun un point de vue particulier du cœur de la saga et du respect des anciens films.
D'un coté, Josh Whedon (NB: je mets l'individu et les polémiques qu'il provoque à part de son statut d'artiste) dont le style d'écriture s'avère comme à l'accoutumé très référencé et jouant avec les codes du cinéma mainstream, formaté, pour en interroger le sens. De l'autre, Jean-Pierre Jeunet et son univers cyber punk, grand guignolesque et rétro. Jeunet, son cynisme et son humour noir. Jeunet et ses personnages de freaks filmés en super grand angle, voire en "fish eye". Jeunet et ses angles de prise de vue cauchemardesques, et sa manie des filtres jaunâtres, et de Dominique Pinon, et de Ron Perlman... Bref, un français au style des plus atypiques qui soient.
Eh bien, ça fonctionne pas si mal en fait. Le film est très loin d'être mon opus préféré de la franchise, mais comme pâtisserie dégoulinante de beurre, ça fait entièrement l'affaire.
En définitive, à voir pour un moment de pure détente, sans prise de tête!