Avant-propos : l'alien sera désigné par le prénom Alfred durant toute cette critique afin que cette dernière soit plus divertissante.
2047, au beau milieu de l'espace.
Une équipe de sept astronautes est envoyée en mission sur une planète inconnue, afin d'étudier une nouvelle découverte : une sorte de vaisseau spatial mystérieux, échoué sur une planète mystérieuse. C'est ainsi qu'après un atterrissage non sans difficultés, une partie de l'équipe part à la découverte de cet étrange vaisseau...et commettront plusieurs erreurs impardonnables.
Première erreur : la curiosité. Tandis que l'incursion dans ce vaisseau inconnu progresse et ce malgré les alertes de l'un des membres de l'équipage, un autre membre se retrouvera nez à nez avec un œuf contenant un organisme vivant non identifié. Voulant le découvrir de plus près, notre cher ami verra bien vite cet organisme lui sauter dessus et s'accrocher à son visage.
Deuxième erreur : privilégier les émotions à la rationalité. Les autres membres de l'équipage ayant retrouvé leur ami, ils le ramènent dans le Nostromo, leur mythique vaisseau, afin de le sauver. Ils insistent d'ailleurs pour ne pas suivre le protocole prévu pour ce genre de cas, prétextant que si ce dernier est suivi, leur camarade mourra. C'est l'homme de science du vaisseau qui lui ouvrira la porte, laissant ainsi entrer ce corps étranger dans une sphère qui aurait normalement dû en être protégée.
Troisième erreur : croire que l'homme est supérieur à tout, même à ce qu'il ne connaît pas. Très vite, l'équipage se rend compte que l'organisme venant de pénétrer dans leur sphère privée possède un mécanisme de défense absolument terrifiant mais redoutablement efficace. Leur curiosité est ainsi de nouveau titillée (n'avions nous pas déjà dit que celle-ci était un vilain défaut ?). Mais la peur s'installera vraiment dans les têtes de tous les membres de l'équipage au moment où ils virent leur ami revenir quelques petites minutes à la vie avant de donner naissance à Alfred, sortant immédiatement de ses entrailles et s'échappant en poussant un petit rire grinçant là où personne ne pourra le voir. Alors, les humains se pensant bien supérieurs à cette petite créature, iront la chercher pour la neutraliser. Spoiler : ils se feront tous zigouiller un par un, que ce soit par manque de prudence ou bien en raison d'une trop grande confiance en leur capacités. Ils découvriront également que leur mission était quelque peu suicidaire, puisque leur cher camarade scientifique dirigeant l'opération n'est lui-même qu'un robot, programmé pour ramener sur terre cet organisme inconnu afin de l'étudier.
Il ne reste donc plus qu'une personne : Ripley. Ripley, c'est le personnage fort de ce film, campé par une jeune Sigourney Weaver réalisant une bien belle performance en dépeignant une personnalité forte : prudente, stratège et patiente, elle restera en vie alors que tous ses camarades disparaîtront. C'est d'ailleurs en réunissant ces trois qualités qu'elle parviendra à s'en sortir, à vivre pendant qu'Alfred mourra.
Que retenir de cette histoire ? Que l'être humain n'est pas aussi fort qu'il l'aimerait. Si l'on synthétise ce qu'il nous est conté, on comprend que l'homme, doué de science et de réflexivité, souhaite se rendre encore supérieur aux créatures extraterrestres qu'il est amené à rencontrer. Ainsi, Ridley Scott critique au travers de ce film de science-fiction grand public ce désir conscient ou non de l'homme l'amenant à tout faire pour devenir comme "maître et possesseur de la nature". Car l'homme n'est pas un Dieu : il est soumis à de nombreux défauts qui l'empêchent d'exploiter pleinement son potentiel : il est curieux, imprudent et ne se sert pas assez de sa raison pour évoluer. Ce n'est pas pour rien si Ripley, seul personnage qui s'en sort est ici la seule à réellement penser qu'elle peut s'en sortir, non pas en se battant frontalement avec des armes qu'elle sait bien moins performantes que son ennemi mais en usant de sa capacité à penser, à élaborer un plan.
La portée philosophique d'Alien est donc plus grande que la simple histoire qui est racontée, et vise à sensibiliser l'homme en lui rappelant que du jour au lendemain, l'inconnu pourra sonner à sa porte et le surclasser aisément s'il n'utilise pas sa raison pour s'en sortir. Beau sujet de SF, l'opposition entre l'homme et un inconnu mystérieux qui le dépasse en tout point sauf en ce qui fait que l'Homme est, véritablement, Homme.
Ce qui est d'autant plus appréciable dans ce film, c'est que la figure phare de l'humanité consciente de ses forces et de ses faiblesses est une femme, un personnage bien plus intelligent que ses homologues masculins qui ne pensent qu'à se battre avec leurs gros bras. Beau personnage pour un blockbuster sorti à la fin des années 1970. Ajoutons à cela que ce film est doté d'une beauté esthétique à couper le souffle, et qu'il emploie à la fois des codes du fantastique et de l'épouvante sans jamais perdre son équilibre.
Bilan : très bon film de science-fiction, non seulement divertissant mais également très bien écrit, nous offrant de nouvelles clés nous permettant de comprendre qui nous sommes, nous, êtres humains peuplant la terre. Car tout bon film de science-fiction qui se respecte n'oublie jamais que son sujet principal n'est pas l'élément inconnu grâce lequel il nous séduit, mais bien l'Homme avec un grand H.