L'équipage du Nostromo et son invité surprise
Véritable monument de la science-fiction et de fait, très estimé, Alien : le Huitième Passager avait quelque chose à prouver. Et contrairement à un 2001 : l'Odyssée de l'Espace décevant car bien trop imperméable à toute émotion, voire même médical, Rydley Scott réinvente un genre en devenant le pionnier de toute une flopée d'œuvres plus ou moins réussies certes mais dont l'inspiration reste évidente.
L'histoire, tout le monde la connait : un huis clos dans l'espace où sept voyageurs vont se faire étriper par une bête qui a grandi dans le ventre d'un des leurs à la suite d'un accident sur une planète non habitée. Le thème est posé, comment faire pour lutter contre l'invincible ? Que faire face à une créature qui semble invisible ? Quelles vont être les relations entre les personnes de l'équipage ? Autant de questions qui vont être résolues et dont les réponses vont être élaborées de manière intelligente, sans jouer du surplus, usant d'emphase certes mais toujours avec justesse.
La mise en situation n'est pas nouvelle pourtant. Un petit groupe coupé du reste du monde, ne pouvant que faire face ou mourir avec son lot de désagrément plus ou moins mortels et la tension peut commencer à monter. Seulement voilà, ici le concept est poussé à son paroxysme : tout comme pour 2001, on est dans l'espace, sans aucun espoir de sauvetage, dans un futur dont on ne connait finalement pas grand chose, dans un vaisseau aux cloisons claustrophobiques... Les avancées dans les couloirs en travelling rappellent ceux de Shining et viennent appuyer un rythme et une mise en scène parfaite. Toutes les prises de vues sont étudiées pour renforcer le sentiment d'oppression et incitent à perdre le contrôle.
Au delà du travail scénaristique considérable, puisant dans certains références, il y a l'aspect technique du film avec notamment les effets spéciaux minimalistes et donc plus crédibles. Car faute de moyens, Ridley Scott et son équipe ont dû créé un Alien tout en marionnettes et en costumes qu'on ne voit quasiment jamais pour ne pas casser l'illusion du monstre. Des gros plans sur la tête, en contre plongée pour accentuer un effet de grandeur, un design monstrueusement génial de la bête la plus charismatique et la plus effrayante du cinéma d'horreur. 1979 : date de la création du huitième passager, celui qu'on ne voit pas, qu'on ne sent pas, mais qui tue à chaque fois.
Des personnages à la personnalité propre, un comportement sociologique on ne peut plus crédible et la lutte pour la survie ramènent finalement à l'idée que l'Homme est une bête comme les autres et que quand elle devient la proie d'un élément plus puissant de la chaîne alimentaire, elle réagit dans la norme : elle panique, elle tente de se défendre, survit ou bien disparait. Et ici, les hommes sont supplantés par les femmes dans le domaine du courage et de l'intelligence face au danger : les années 1970 voient la condition féminine au cinéma passer de simple faire valoir à personnage important et débrouillard et Ridley Scott nous offre une Ripley/Weaver parfaite dans le rôle. Si bien d'ailleurs qu'on a maintenant du mal à la dissocier du rôle. Car une relation s'installe dès le premier film entre elle et l'Alien, qui ne fera que s'amplifier au fur et à mesure de la saga.
Incontestablement le meilleur opus des quatre films, Alien : le Huitième Passager remplit toutes ses promesses et offre un spectacle horrifique qui, encore aujourd'hui, peut effrayer n'importe quel spectateur. Le statut d'œuvre culte est donc ici bel et bien mérité.