𝐴𝑙𝑖𝑒𝑛: 𝑅𝑜𝑚𝑢𝑙𝑢𝑠 de Fede Alvarez s'attèle à revisiter l'univers emblématique de la saga sans toutefois réussir à y insuffler la dimension viscérale qui a fait la renommée des premiers volets. Ce nouvel opus témoigne du savoir-faire indéniable d'un réalisateur habile, capable de manier la caméra avec précision, de créer une tension palpable et de concevoir des décors époustouflants. Cependant, cette virtuosité technique ne parvient pas à masquer une prévisibilité qui émousse l'expérience cinématographique.
Dès les premières images, il est évident qu'Alvarez souhaite revenir aux sources de la série; un équipage de travailleurs interstellaires confronté à une menace inéluctable dans un environnement clos dans l'espace. Les décors, somptueux, restituent avec fidélité l'atmosphère métallique et usée qui caractérise les meilleurs moments de la franchise. La station spatiale, divisée en deux sections nommées Romulus et Remus, constitue un cadre visuel puissant, renforçant le sentiment d'un danger omniprésent. L'utilisation savante des lumières, jouant sur des contrastes intenses et des ombres inquiétantes, confère à l'ensemble une esthétique froide et hypnotique.
Malgré ce soin apporté à l'ambiance, le film peine à surprendre. Le scénario s'enlise dans une trame de survie classique, évitant tout risque narratif. Même les moments clés, tels que l'apparition d'une créature au design inhabituel et troublant en dernier acte, ne suffisent pas à réveiller une intrigue qui demeure figée. La tension, bien que présente, reste trop contrôlée pour provoquer une véritable catharsis émotionnelle. Il manque à 𝐴𝑙𝑖𝑒𝑛: 𝑅𝑜𝑚𝑢𝑙𝑢𝑠 cette sauvagerie brute, cette terreur viscérale qui faisaient des premiers Alien des chefs-d'œuvre du cinéma d'horreur.
Les performances des acteurs, notamment Cailee Spaeny et David Jonsson, apportent une certaine profondeur à leurs personnages, tandis que l'arc narratif d'Andy, le synthétique, offre quelques pistes de réflexion intéressantes sur la dualité entre programmation et émotions humaines. Cependant, ces éléments ne suffisent pas à combler le vide laissé par une narration trop convenue.
𝐴𝑙𝑖𝑒𝑛: 𝑅𝑜𝑚𝑢𝑙𝑢𝑠 s'affirme comme un hommage techniquement impeccable à la saga, un exercice de style brillant mais dépourvu de l'âme qui animait ses prédécesseurs. En privilégiant la maîtrise formelle au détriment de l'innovation narrative et de l'intensité émotionnelle, le film reste en surface là où la franchise a toujours excellé dans la profondeur et le chaos organique.