Dans une nuit pluvieuse qu'on pourrait croire éternelle, trois femmes solitaires, trois âmes errantes, chacune porte-parole d'une cause (la crise du logement, le poids des traditions et la soumission à l'ordre parental), oscillent entre désirs et labeur quotidien, confrontées aux fantômes du passé et aux impasses de l'avenir.
Tous les éléments sont là, en puissance, pour faire un grand film, entre Joachim Trier, Wong Kar-Wai ou le Spike Jonze de Her, mais doublé d'un female gaze étonnant (et puissant) pour un film indien.
Et pourtant cette fable sensuelle et féministe, ce chuchotement qui s'échappe du fourmillement de la capitale indienne puis d'un bord de mer sauvage et sublimé, souffre d'un défaut fatal : l'ennui incommensurable qu'elle provoque.
L'apaisement, la joie, la douceur recherchés ne provoquent vite que lassitude et irritation. Le rythme, voulu décalé et hypnotisant, vire en fait en une lenteur poussive par les suspensions constantes des dialogues.
N'aident en rien les métaphores et symboles faciles, et les péripéties mal amenées qui gâchent des scènes qui auraient pu être superbes (la beauté évidente du plan final) et transforment la grande sensibilité en pénible sensiblerie.