Entre 1985 et 1991, de La Couleur Pourpre, qui n'est pas vraiment le chef-d’œuvre qu'il aurait dû être, jusqu'au très regrettable Hook, le cinéma de Steven Spielberg s’est considérablement essoufflé. L'énergie créatrice insufflée à Duel, Les Dents De La Mer, Rencontres Du 3ème Type ou encore Les Aventuriers De L'Arche Perdue n'est plus qu'un lointain souvenir lorsque le cinéaste choisit de s'auto-parodier avec Indiana Jones Et La Dernière Croisade et d'aborder le registre de la comédie romantique avec Always, tous deux produits en 1989.
Remake du film Un Nommé Joe, réalisé en 1943 par Victor Fleming et dont on peut voir un extrait à la télévision dans Poltergeist, Always mêle curieusement trois genres cinématographiques : le film d'action (des pompiers "volants" et "errants" combattant des incendies forestiers), le mélodrame et le film de fantôme sous le couvert d'une histoire d'amour magistralement naïve, voire suprêmement immature selon votre propre sensibilité.
Pete, ingénieux pilote un brin casse-cou au sein des pompiers du Montana, se tue au cours d'une dangereuse mission en sauvant la vie de son meilleur ami. Quelques mois plus tard, il s'éveille au cœur d'une forêt carbonisée où il est accueilli par son ange gardien, Hap, qui le renvoie sur Terre afin d'insuffler l'inspiration divine à Dorinda, la femme qu'il aime et qui se morfond suite à sa disparition. En choisissant de devenir l'ange gardien de Ted, un aviateur quelque peu maladroit, Pete s'aperçoit que ce jeune pompier volant est également fou amoureux de Dorinda...
Pour la première fois, Spielberg aborde de front les sentiments amoureux lors de longues scènes candides aussi ennuyeuses qu'un glacial dimanche pluvieux. Une sorte de spectacle mélodramatique véritablement intimiste qui n'a jamais été le point fort du cinéaste et qui déborde de guimauve en prenant indubitablement le pas, de par son interminable durée, sur les fabuleuses scènes d'action que le célèbre réalisateur maîtrise avec le professionnalisme qu'on lui connaît. Ces scènes d'action pure sont par ailleurs menées avec brio par le toujours excellent Richard Dreyfuss qui synthétise peut-être ici toutes les figures héroïques du cinéma de Spielberg et qui s'amuse, tel un gamin, à donner la réplique à Audrey Hepburn (pour sa dernière apparition çà l'écran), malgré le contexte bucolique puéril choisi par le cinéaste pour caractériser le monde intermédiaire entre celui des vivants et celui des morts.
Always est donc un film singulier où maestria et niaiserie se marient pour le meilleur et le pire, un peu à l'image du sketch réalisé par le même Spielberg pour le compte du long-métrage La Quatrième Dimension. Car finalement, dès que le nabab d'Hollywood effleure le sujet des sentiments adultes teintés de merveilleux, il ne peut s'empêcher de sombrer dans les travers de la mièvrerie la plus infantile qui soit.